BAC 2001

Philosophie Série S

Sujet   1                                            

1/ Analyse

 La liberté se définit-elle comme un pouvoir de refuser ?

 

 

 

 

Le pouvoir de choisir sur base d’une « l’intellection de la nécessité » (Hegel)

« La loi que l’on se donne à soi-même » (Rousseau)

Capacité d’un être à se construire et à créer

Capacité à affirmer sa volonté de manière indépendante

(libre arbitre)

A proscrire : « faire ce que l’on a envie de faire, quand on en a envie »

A distinguer de « autonomie », « indépendance »

 

 

 

 

Se résume-t-elle, se limite-t-elle  à n’être qu’un….

Le pouvoir de refuser est-il une composante nécessaire ? suffisante ? de la liberté ?

 

 

 

 

 

 

Nier, rejeter

« penser, c’est dire non » (Alain)

Liberté critique

Autonomie du jugement et de la volonté par rapport à ce qui n’est pas nous

Ne pas subir la loi d’autrui

Se définir de manière réactive

 

2/Reformulation du sujet

La condition nécessaire de la liberté humaine est-elle dans la volonté de ne se soumettre à aucune loi extérieure à soi-même, de ne subir aucune pression morale, intellectuelle ou affective ? Mais est-ce la condition suffisante ? Le pouvoir de nier ne donne-t-il pas de la liberté une définition trop négative ?

3/ Plan

1 – Le pouvoir de refuser comme condition fondamentale & nécessaire de notre liberté

1.1   L’autonomie du jugement : commentaire de la citation de Alain « penser, c’est dire non » Le jugement moral n’est possible que lorsque existe effectivement la capacité de refuser.

1.2   Dans l’histoire des sciences, la conquête de l’autonomie de la raison passe par une phase critique de l’opinion :

1.2.1       Le doute cartésien, scepticisme rationnel

1.2.2       Le refus de l’évidence sensible (Galilée, Copernic)

1.2.3       L’indépendance de la science : « Philosophie du non » (Bachelard)

1.3   Le libre arbitre comme refus du conditionnement qu’il soit celui de la nécessité naturelle ou de la loi sociale.

1.3.1       « La liberté est l’intellection de la nécessité » : c’est en comprenant quelles sont les nécessités qui pèsent sur nous que nous pouvons nous y opposer ou nous en servir.

1.3.2       La loi sociale ou la culture sont des héritages : je ne les ai pas moi-même instruites  ; si je les ressens comme la loi d’un autre, je ne puis être libre qu’en les refusant.

1.3.3       Sur les plans affectifs, et moraux, sur les choix métaphysique, l’autonomie de la personne humaine suppose une phase initiale du refus de « ce dont il a hérité »

Conclusion partielle 1 : Qu’on envisage la question de la liberté intellectuelle ou de la liberté morale, nous pouvons dire que le premier mouvement de la conquête de la liberté est le refus ; mais est-ce définir de manière suffisante ce qu’est la liberté pour nous ?

2 – Un être qui se définit négativement n’est pas libre : il est au mieux autonome ou indépendant. Dangers d’une telle définition négative de la liberté

            2.1 – Si je refuse tout conditionnement, au nom du libre arbitre, je me condamne d’une certaine façon à ne pas être. Car je ne peux refuser d’élire des valeurs, du sens, des principes à mon action. Ils n’ont pas uniquement une fonction de limitation de mon action, mais aussi de structuration de mon être. (liberté d’indifférence)

                        2.1.1 – Une telle conception de la liberté conduirait tout d’abord à un nihilisme, qui est d’une certaine manière une perte de foi en l’homme ; socialement, elle me condamnerait à l’anomie, qui m’interdirait de facto toute vie sociale.

                        2.1.2 – elle tendrait dans le même temps à relativiser toute valeur, en prétendant que tous les choix se valent humainement : en quelque sorte, je refuserais pour cette raison de choisir.

                        2.1.3 – enfin une telle position de ma liberté, comme refus, revient à me poser comme référence unique, comme un absolu.

            2.2 -  D’autre part, je ne puis à l’infini refuser tout choix, au prétexte que tout choix me détermine. Il y a bien un moment où je dois élire une valeur, ou poser dans l’action un choix qui me défini, non plus comme un être en puissance, mais comme un être en acte

            2.3 – être libre c’est choisir : l’indépendance ou l’autonomie ne sont donc que des préalables à la liberté : l’homme reste à construire.

Conclusion partielle 2 : La simple négation, le refus de ce qui n’est pas moi, conduit à une définition absurde de la liberté si elle exclue la nécessité pour moi de choisir et de me construire

3 – La liberté comme pouvoir de s’affirmer : une définition positive de la liberté.

            3.1 – Commentaire de « la difficulté d’être majeur » (Kant) Etre libre c’est se donner les moyens de juger par soi-même et non pas en suivant un maître à penser. Etre libre, c’est se donner sa propre loi « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté »

            3.2 – « Ce dont tu as hérité, acquiers le afin de le posséder » (Goethe) Les trois moments nécessaires de la construction de soi, d’un être libre.

            3.3 – L’homme est dans ses œuvres : c’est en créant, collectivement avec d’autres (Sartre, Camus) que nous nous découvrirons : la liberté s’affirme positivement comme cration.

Conclusion partielle 3 : « Deviens ce que tu es » (Nietzsche) ou encore « l’homme est condamné à s’inventer lui-même », deux citations qui nous montrent que, sorti de l’état de minorité de l’enfance, l’homme doit agir et construire son être, et au-delà l’image de l’homme telle qu’il le souhaite.

 

CONCLUSION :

Si le pouvoir de refuser est la condition nécessaire de la liberté, elle n’en est pas la condition suffisante. Etre libre, c’est aussi le pouvoir d’affirmer ses valeurs et de poser des choix. C’est à travers ces déterminations, dans la mesure où elles sont choisies et non pas imposées, que l’homme libre se définit.

M. Le Guen 14-06-2001