1/ Analyse du sujet :
|
|||
|
|
|
|
Peut-on, c’est à dire en
a-t-on la capacité, et également cela a-t-il un sens. |
L’homme dans sa dimension
individuelle (personne) que collective (espèce) |
On vous demande si une
représentation de l’homme valable pour tous les hommes est possible On vous demande aussi s’il
est possible de trouver un point de vue absolu, d’où on puisse juger de ce
que sont les hommes On vous interroge aussi sur
l’unité de cette représentation de l’homme L’interrogation porte aussi
sur la question de la « nature humaine » par opposition au concept
de « condition humaine » |
C’est une nécessité pour
les culture de se distinguer les unes des autres. D’autre part, si l’on admet
que l’homme n’a pas de biotope spécifique, la culture c’est ce qui lui assure
une insertion dans le monde et qui règle les relations entre les individus au
sein de la société. Mais les cultures sont des réponses différentes à ce
besoin universel. Ainsi il y aurait autant de
cultures que de groupes humains répandus à travers l’espace et à travers le
temps |
Remarque : La manière dont est posée la question vous invite à
un dépassement de la diversité des cultures. |
Reformulation du sujet :
Si l’homme est
modelé par sa culture, si, à travers le temps et l’espace les cultures
apportent des réponses différentes aux problèmes que rencontrent les hommes
pour vivre ensemble dans le monde, peut-on espérer construire une
représentation de l’homme qui soit valide pour tous les hommes ?
2/
Proposition de corrigé :
Introduction :
« Le barbare, dit Lévi-Strauss, est
celui qui ne reconnaît pas l’humanité de l’autre » Ne sommes nous pas frappés de cette même
cécité, lorsque nous rencontrons des hommes qui ne nous ressemblent
pas ? En dépit de nos différences, pouvons-nous trouver une identité
entre nous ? Peut-on penser l’homme d’un point de vue universel
en dépit de la diversité des cultures ? En d’autres termes, si l’homme est modelé par sa
culture, si, à travers le temps et l’espace, les cultures apportent des
réponses différentes aux problèmes que rencontrent les hommes pour vivre
ensemble dans le monde, peut-on espérer construire une représentation de
l’homme qui soit valable pour tous
les hommes ? Quelles objections la diversité culturelle oppose-t-elle au
projet de définir une nature humaine universelle ? Ne devrait-on pas
penser l’homme selon sa condition, et non selon sa nature ? N’y a-t-il
pas un point de vue transcendant, permettant de penser la dignité de l’homme
d’une manière universelle et inaliénable ; au-delà, n’est-ce pas
nécessaire de bénéficier d’un tel point de vue ? |
|
Entrée en matière Enoncé du sujet Reformulation du sujet Plan |
Développement (plan détaillé) :
1 - Quelles objections la diversité culturelle oppose-t-elle au projet de
définir une nature humaine universelle ?
1.1 – L’animal se laisse décrire selon son
instinct, il suit un modèle de comportement inné ; l’homme se définit dans une culture.
Or, celles-ci s’opposent nécessairement les unes aux autres : arbitraire,
conventionnel, particularité ethnique. (Canguilhem). Toute culture est donc une
manière particulière d’être au monde, non un absolu.
1.2 – Les
cultures sont en devenir : l’homme est une histoire, tant sur le plan
individuel que collectif. La relativité culturelle ne s’entend pas seulement
dans l’espace, d’un peuple à un autre, mais aussi dans le temps, d’une époque à
une autre.
1.3 – Aucune
culture ne donne une réponse satisfaisante (Lévi-Strauss)
Conclusion : Nous
serions tentés de dire avec G. Canguilhem, que le lot de l’homme, c’est
l’errance et l’insatisfaction. L’humanité semble donc dans chaque homme, et
dans chaque peuple, condamnée au relatif et au particulier, nulle culture ne
peut prétendre représenter l’homme de
manière universelle.
2 - Ne devrait-on pas penser l’homme selon sa condition, et non selon sa
nature ?
2.1 – Nature et condition : la différence des deux concepts.. On
peut parler de « nature » pour une espèce animale donnée :
parler de la nature du chien ou du cheval, c’est décrire l’ensemble des déterminations
qui pèsent à la fois sur l’espèce et le spécimen et le définissent a priori.
Peut-on ainsi définir l’homme ? Sartre : l’existence
précède l’essence. L’homme se définit donc comme un être de questions,
non de réponses.
2.2 – La condition humaine : le tragique ; définition du
tragique comme le déchirement entre deux exigences contradictoire
(exemples : insociable/sociabilité, humanité/inhumanité, être au monde/s’y
sentir étranger). On parlera alors de condition universelle de l’homme, comme
ensemble de questions auquel l’humanité est confrontée, et de particularité des
réponses apportées par chaque peuple.
2.3 – L’universalité de condition : les dix questions
universelles : illustration du propos précédent : la condition
humaine en 10 questions.
Conclusion : Les hommes ont en commun un certain nombre de questions que posent à la
fois leur insertion dans le monde et la nécessité de leur vie sociale. Mais si
l’on peut parler d’une universalité de cette condition tragique, aucun peuple,
ni aucun homme ne peut prétendre avoir apporté une réponse valable
universellement.
3 - N’y a-t-il pas un point de vue transcendant, permettant de penser la
dignité de l’homme d’une manière universelle et inaliénable ; au-delà,
n’est-ce pas nécessaire de bénéficier d’un tel point de vue ?
3.1 – Le point
de vue de Sirius : point de vue impossible Rica et Micromégas, Montesquieu
et Voltaire. Peut-on éviter l’ethnocentrisme ?
Mais :
3.2 – Le Christianisme introduit dans l’histoire
l’universalité de l’idée d’homme (Hegel)
3.3 – Les
Droits de l’homme : de la nécessité d’une référence universelle
Conclusion : S’il
est impossible, voir dangereux de fixer pour l’homme le modèle universel de ce
qu’il devrait être, il est néanmoins souhaitable que l’humanité se fixe un
idéal transcendant de ce que devraient être la dignité, les droits et les
devoirs fondamentaux des hommes. Un tel point de vue doit trouver son origine
non dans une culture particulière, mais dans un principe transcendant,
universalisable.
Conclusion :
Ainsi,
la diversité des culture n’est qu’en apparence un obstacle à la définition d’un
point de vue universel sur l’homme. Certes, les hommes ont en commun plus de
questions que de réponses. Mais pour pouvoir empêcher tel ou tel particularisme
ethnique de prétendre s’imposer comme valant pour tous, il y a urgence à
définir d’un point de vue transcendant un idéal de l’humain auquel on puisse se
référer universellement.
M. Le Guen 10/2001