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Ou comment réviser tout (ou presque) son programme en 100 définitions.
 
 
| Concept | Définition | |
| A | Etym. : du latin absolutus, achevé, séparé Exprime l’état d’un être porté à son degré suprême
  d’achèvement. Notions associées : perfection, autosuffisance,
  auto-fondement.  | |
|  | Absurde | Etym. Du latin absurdus  « discordant » de surdus, « sourd » Etat de ce qui est vide de sens. Thème récurent de
  la philosophie et de la littérature modernes. Idée que, si l’univers physique est sourd et muet (Rien n’est au monde intelligible –Sartre-),
  il revient à l’homme de lui donner un sens où d’y découvrir un ordre
  immanent. Thème illustré entre autre par Camus (Mythe de
  Sisyphe, Noces) qui relève que notre existence est fondée sur une
  double exigence : aimer la vie passionnément, et rester lucide face à la
  certitude de la mort. C’est par l’action solidaire et la révolte que l’homme
  peut construire le sens de sa vie. | 
|  | Acquis/Inné | Termes antagonistes désignant, pour le premier, ce
  qui relève en nous de l’apprentissage, de 
  l’histoire et de la culture, et pour le second de la naissance, du
  patrimoine génétique, et de la nature.  | 
|  | Affect | Terme utilisé par la psychanalyse, surtout à son
  origine, pour désigner, dans la « théorie cathartique » les
  manifestations émotives telles que les pleurs, le rire, la colère, etc. ,
  exprimant les expériences de plaisir ou de douleur. | 
|   | Tendance naturelle et spontanée, présente chez tous
  les êtres vivants, à se développer et à occuper un espace vital optimal.
  L’agressivité ainsi comprise est un concept positif, relevant de l’éthologie
  ou de la psychologie, en opposition au concept de violence, qui, lui
  relève de l’éthique et de la morale.  L’agressivité ainsi entendue est universelle et
  innée, au même titre, par exemple, que les pulsions sexuelles. | |
|  | Apprendre | De apprehendere, saisir, concevoir Terme générique pour tous les modes d’acquisition du
  savoir. L’étymologie renvoie bien à l’idée de faire sien ce qui fait l’objet
  de cette connaissance, de ramener à une représentation spirituelle (un mot,
  un concept) une réalité du monde extérieur.  | 
|   | Apprentissage | Indique de manière générale tout mode d’acquisition
  externe d’une connaissance ou d’un comportement, par opposition au mode
  biologique (hérédité). On distinguera l’apprentissage par dressage
  ou habitude qui est le seul dont sont susceptibles les animaux, de
  l’apprentissage social, qui, lui, ne s’applique qu’à l’homme au sein d’une
  société. Cet apprentissage social passe généralement par le langage. | 
|   | Arbitraire | Qui dépend d’un choix. Les normes culturelles
  sont toutes arbitraires. # nécessaire | 
|   | Argument d’autorité # argument rationnel | L’autorité c’est ici celle de l’Eglise et de la
  chose écrite. Le tort de l’Eglise romaine sera de considérer
  à égale valeur les écritures, qui sont un texte révélé et les théories d’Aristote, qui sont des
  spéculations philosophiques, et donc ouvertes à la critique. Les Discorsi, de Galilée, les Méditations
  métaphysiques de Descartes sont des tentatives pour démontrer que la
  raison humaine peut construire un discours par ses seuls moyens. Le doute
  rationnel développé par Descartes au début des Méditations va dans ce
  sens. | 
|   | Autorité | Mode d’existence du pouvoir où celui-ci repose sur
  l’acceptation de ceux sur qui il s’exerce, en fonction d’une compétence
  reconnue à celui qui l’exerce. L’autorité peut être légitime, en tant qu’elle
  repose sur un consentement. | 
|   | Avoir une culture | Claude Lévy Strauss affirme, après Rousseau,
  qu’il n’existe pas de peuple sans culture, ou encore que « le monde de l’homme n’est pas celui de la
  nature, mais celui de la culture, et celle-ci s’oppose à la nature avec la
  même rigueur, quelque soit le degré de civilisation considéré.» Dans ce
  sens il n’y a plus de jugement de valeur, puisque aussi bien la culture va
  désigner l’ensemble des productions et des actions non-naturelles des groupes
  humains. | 
| B | Besoin | Expression de la nécessité vitale. Le besoin se distingue
  du désir en tant qu’il s’arrête à la possession de son objet ; | 
|   | Bêtise | Etymologiquement : qui relève de la bête.
  Indique communément le jugement d’une action irréfléchie ou maladroite. Cf.
  aussi : Stupidité | 
| C | Chimère | Illusion vaine, n'ayant aucune consistance ni
  réalité ; usurpation du fantasme à la réalité. Exemple de chimère : le déni de la mort.# utopie, illusion | 
|   | Pour Kant, par opposition à la personne, la chose est ce qui ne dispose d’aucune autonomie de jugement (les animaux sont des êtres sensibles et non des êtres raisonnables, ils sont donc « choses »), ce dont on se sert pour parvenir à ses fins (moyen), ce qui n’a qu’un prix au lieu d’être une valeur (absolue) Le concept désigne ainsi le caractère unique de l’être humain. Ne pas confondre le concept de chose et celui d’objet. Le verbe qui désigne l’attitude consistant à considérer
  autrui comme une chose et non comme une personne est : « réifier. » | |
|   | Trad. : « je pense » A l’issue de la première de ses Méditations métaphysiques, Descartes découvre que la seule certitude que l’esprit soit capable d’engendrer de lui-même, la seule qui échappe à toutes les formes de doute (y compris le doute hyperbolique du « malin génie », c’est l’affirmation que la proposition « je suis, j’existe » est nécessairement vraie chaque fois que je la prononce ou conçois en mon esprit. Husserl montrera que ce cogito n’est pas en lui-même suffisant, mais qu’il s’accompagne toujours d’un cogitatum. (cf. intentionnalité | |
|   | Cohérence | Condition première de validation d’un système
  rationnel de représentations. La cohérence se décline en cohérence
  interne et cohérence externe. La première exprime
  la consistance du système en lui même, la non-contradiction, sa nécessité, sa
  suffisance ; la seconde exprime l’accord de ce système avec son objet
  (exemple une loi scientifique et le domaine dont elle prétend rendre compte). | 
|   | Cohérence externe (adéquation) | C’est une exigence de confrontation entre la théorie
  et le réel. La loi rationnelle rend elle compte de manière exhaustive  du phénomène visé ?
  C’est l’expérimentation qui va donner la sanction : confirmée, la loi va
  être considérée comme valide, infirmée, l’hypothèse interprétative doit être
  abandonnée. | 
|   | Cohérence interne | Etablit la consistance d’un système rationnel de
  représentations considéré en lui-même. Ses exigences
  sont : La non-contradiction :
  on ne peut dans un même système de propositions affirmer à la fois a
  et non-a (une proposition et son contraire) La nécessité : Au sens propre : qui ne peut
  pas ne pas être. L’ensemble des propositions ou assertions d’un système
  interprétatif est  nécessaire, c’est à
  dire que telle ou telle variable ou constante figurant dans une loi ne
  pourrait faire défaut. Cela veut dire que aucune hypothèse interprétative
  n’est gratuite ou arbitraire.  La suffisance : Dans l’expression d’une loi
  rationnelle, tout doit être formulé, si bien que la loi doit pouvoir s’appliquer
  universellement à tous les cas de même espèce. Aucun « rajout »
  modifiant la loi de manière contingente, en fonction de tel ou tel cas
  particulier, ne peut être accepté sans une refonte complète de cette loi. | 
|     | Compétence | Terme emprunté à la linguistique mais qui peut
  s’étendre à toute conduite culturelle. Désigne dans l’apprentissage, la capacité à
  reproduire des informations ou des conduites apprises par apprentissage.
  Ainsi, dans l’exemple du langage, la compétence linguistique est la
  possession du code, grammatical et lexical. L’animal et la machine sont
  capables dans ce domaine d’une certaine compétence, mais pas d’une performance. | 
|   | Comprendre           | Il désigne d’abord l’idée d’une intégration ou d’un englobement :
  être compris dans quelque chose. Avoir une vision d’ensemble d’une réalité (d’une
  « prise » commune) Se construire une idée claire et distincte d’un
  phénomène, ou d’un ensemble de relations de causes à effets. Cf. la citation de Pascal qui joue sur les trois
  sens : «Par l’espace,
  l’univers me comprend et m’englouti ; par la pensée je le comprends » | 
|   | Connaître   | Avoir présent à l’esprit, être capable de former le
  concept, l’idée, l’image de quelque chose. Par rapport à savoir, le verbe
  insiste plus sur la précision de la représentation mentale.  | 
|   | Conscience | Deux acceptions possibles de ce terme D’une part un sens « psychique » qui signifie « présence au monde », et connaissance que nous avons de cet état. Dans ce sens on dira de la conscience qu’elle est intentionnelle D’autre part un sens moral, la faculté de juger du bien fondé de nos actions ou plus largement de nos choix, en fonction de nos valeurs. Termes associés Sens 1 : moi, sujet, connaissance Sens 2 : | 
|   | Conscience de soi |   | 
|   | Contingent | Qui pourrait aussi bien ne pas être : par
  exemple un événement qui arrive par hasard, la rencontre de deux séries
  d’événements. # nécessaire | 
|  | Croyance   | La croyance est à distinguer de l’adhésion
  rationnelle en tant qu’elle est pour partie une décision
  arbitraire et volontaire du sujet : on ne croit pas à la validité d’une
  démonstration mathématique, on y adhère rationnellement (après
  vérification de sa cohérence), ce qui signifie aussi que notre adhésion n’est
  pas libre, mais nécessaire ; on ne démontre pas la vérité d’une
  croyance :  on peut y adhérer
  contre toute raison, par un acte volontaire que l’on nomme la foi, en réponse
  à la grâce envoyée par Dieu. D’autre part, la croyance pose toujours les
  problèmes en termes eschatologiques c’est à dire en terme de fins dernières ; sa question est « pourquoi »,
  et non « comment », qui, elle, relève des sciences.   | 
|   | Culture | Le mot peut-être entendu dans trois
  acceptions : -       
  Un sens
  restreint : ensemble des créations les plus valorisées dans un peuple,
  généralement représentatives de la classe dominante. (cf. être cultivé) -       
  Un sens large, celui
  des ethnologues (cf. avoir une culture) qui désigne l’ensemble des productions techniques,
  intellectuelles, artistiques, religieuses, morales etc.. qui confèrent à un
  peuple donné sa place originale dans le monde. -       
  Un sens plus complexe
  (cf. se
  cultiver) où il désigne un idéal de raffinement individuel
  et de développement personnel.   | 
|   | Curiosité | L’une des caractéristiques subjectives nécessaires
  au développement de la connaissance. On pourrait aussi la nommer
  insatisfaction cf. Canguilhem « être sujet de la connaissance [...] c’est seulement être insatisfait
  du sens trouvé» Seulement, cette curiosité si nécessaire au désir de
  connaissance est aussi pour le développement des sciences un risque :
  c’est une tentation très grande de s’intéresser plus aux phénomènes
  pittoresques ou spectaculaires, de ceux qui marquent m’imagination, plutôt
  que de s’intéresser par exemple à la structure de la matière. | 
| D | Démonstration # révélation | Pendant la période médiévale, et en particulier chez
  Saint Thomas d’Acquin, la seule source du savoir est Dieu, et donc les écritures.
  La science ne peut donc, au mieux, que disposer à la foi, en
  nous faisant admirer l’œuvre de Dieu, et les techniques ne sont,  au mieux, qu’un prolongement de la
  création de Dieu. Mais le savoir n’est pas constitué comme une entité
  autonome. Dans la période moderne, le divorce s’installe entre
  ce qui relève de la croyance (dogme) et ce qui relève de la raison. Le savoir
  n’est donc plus révélé, il est construit et suit les lois de la raison. | 
|   | Désir | Concept à réserver à la seule humanité. Le désir
  dépasse le besoin en tant qu’il ne concerne pas seulement des données
  vitales, et aussi en tant qu’il dépasse toujours son objet : le désir
  est rarement totalement comblé par la possession de son objet. | 
|   | Désir et manque | Ce qu'il [éros, ou le désir amoureux, pris ici comme
  allégorie du désir de connaissance] acquiert
  lui échappe sans cesse. de sorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence, ni
  dans l'opulence et qu'il tient de même le milieu entre la science et l'ignorance,
  et voici pourquoi. Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant,
  car il l'est: et, en général. si l'on est savant. on ne philosophe pas: les
  ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants:
  car l'ignorance a précisément ceci de fâcheux que, n'ayant ni beauté, ni
  bonté, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit
  pas manquer d'une chose, on ne la désire pas. Le Banquet, 203 ac,
  trad. Chambry, 1964, Garnier‑Flammarion, pp. 64‑65 | 
|   | Destin | Tout arrive nécessairement | 
|   | Déterminisme |   | 
|   | Devenir | L’être humain est en devenir, tant sur le plan de
  l’espèce que sur le plan de l’individu. Cela signifie qu’il n’est d’abord rien (Sartre) alors
  que l’animal est entièrement déterminé dès sa conception. L’hommes est ce qu’il se fera « l’homme est condamné à s’inventer lui-même»  | 
|   | Dogme | Vérité révélée se présentant comme un absolu
  indépassable ; le dogme peut faire l’objet d’une exégèse, développement
  destiné à le faire comprendre des croyants. Mais le dogme est infalsifiable,
  sous peine d’hérésie. Le tort de l’Eglise romaine a été de
  considérer comme un dogme la cosmologie de Ptolémée, étrangère aux Ecritures. | 
|   | Doute | La question du doute et de la question est au centre
  de la problématique de la connaissance. C’est par un tel doute que Galilée relativise la
  position de l’observateur dans l’espace et nous permet ainsi d’échapper à
  l’univers géocentrique de Ptolémée. C’est par la pratique du doute rationnel que
  Descartes va montrer que la conscience est la seule certitude que nous
  portions en nous, la seule que nous puissions engendrer de nous mêmes, et que
  rien ne peut nous l’enlever. C’est le même doute enfin, qui est en œuvre dans
  l’histoire des sciences, une véritable « Philosophie du non »
  (Bachelard) procédant par critiques successives du savoir acquis et
  dépassement de ces critiques.  On prendra soin toutefois de distinguer entre le
  doute nihiliste, foncièrement négatif, et le doute rationnel ou critique, qui
  est une démarche créatrice nécessaire à la dynamique du savoir. | 
|   | Dressage | Se dit du mode d’acquisition de conduites
  animales, au-delà de l’instinct. le dressage est obtenu par la répétition de stimuli (de punition ou  de récompense) auxquels on associe les
  comportements que l’on veut mémoriser. Par dérision le dressage désigne chez
  l’homme un mode d’enseignement uniquement passif, un conditionnement. | 
|   | Droit   | Cf. poly | 
| E | Education | Etymologiquement : de ducere (conduire) Acte pédagogique dans lequel le formateur ne se
  contente pas de transmettre des contenus (enseignement), mais accompagne l’élève
  en lui indiquant la voie à suivre. Deux bons exemples : Socrate et le
  Jeune esclave, dans le Ménon, Galilée et Andréa dans La vie de  Galilée de Brecht. | 
|   | Empirisme | Au sens propre : théorie qui affirme que le
  savoir vient de l’expérience. Il faudra distinguer un empirisme
  naïf, tel qu’il est défendu par les philosophes anglais du XVIIIe siècle d’un
  empirisme raisonné, qui reconnaît la valeur primordiale de la raison dans la
  compréhension de l’expérience. La querelle entre empiristes et idéalistes (entre Hume
  et Kant par exemple) a porté sur l’origine de nos connaissances et sur le
  prima accordé à l’expérience sur la raison ou inversement. | 
|   | Enfant | Etymologiquement : « qui ne parle
  pas. » Désigne un état de latence, caractérisé négativement
  comme manque (d’être, de savoir, de parole d’autonomie etc...) mais qui porte
  en lui la capacité de son développement Cf. ce que nous disions de « la stupidité des brutes » | 
|   | Enseignement | Par différence aux deux autres termes, instruction et éducation, le terme enseignement renvoie plus
  à la discipline enseignée, qu’à celui à qui elle est destinée. Il atteste
  aussi d’une professionnalisation de l’acte pédagogique. Il  garde de son origine latine l’idée d’une
  marque de distinction (ensena =
  enseigne) | 
|   | En-soi |   | 
|   | Entendement | Faculté de penser par concepts, de ramener la
  diversité sensible à une représentation typique, qui n’en retient que certains
  aspects. Plus généralement, l’entendement désigne notre capacité à réfléchir et à penser. | 
|   | Erreur | Au sens strict, l’erreur est instrumentale quand on ne dispose pas des moyens adéquats pour faire une observation) ou opératoire (les erreurs de calcul par exemple) On prendra soin de distinguer l’erreur dans la liste suivante -       
  erreur opératoire, ou erreur de jugement : exemple l’erreur du jeune esclave du Ménon,
  lorsqu’il se propose de doubler la longueur du côté du carré pour doubler son
  aire/ -       
  erreur instrumentale : celle qui conduit Aristote à adopter le
  géocentrisme, faute d’avoir disposé d’un instrument capable d’une observation
  plus proche des astres (lunette astronomique) -       
  Illusion :
  qui est toujours l’œuvre d’un désir sous jacent et inconscient :
  illusion de Christophe Colomb qui aveuglé par son désir d’ouvrir une nouvelle
  route commerciale vers les Indes, croit y aborder, alors qu’il découvre un
  nouveau continent. Illusions de Ménon, incapable de dépasser son propre désir
  de puissance et donc de percevoir la voie que lui indique Socrate. -       
  Chimère :
  forme de déni pathologique, refus d’admettre des évidences. Les deux
  personnages de la vie de Galilée, au tableau 4 semblent atteints d’un tel
  dérèglement : enfermés dans leurs certitudes, ils préfèrent ne pas voir
  les faits patents que Galilée veut leur montrer. -       
  Mensonge : Volonté délibérée de masquer ou de changer la vérité (que l’on
  connaît) Les cardinaux Barberini et Bellarmin le grand inquisiteur sont des
  menteurs. Pour des raisons politiques, bien que connaissant la vérité, ils
  veulent la cacher au peuple. Galilée : « Qui
  ne connaît la  vérité n’est qu’un
  imbécile, mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui là est un
  criminel» D’autre part, si « L’erreur est humaine» c’est peut être parce que, comme le
  dit Canguilhem, « erreur humaine
  ne fait qu’un avec l’errance », c’est à dire que si notre espèce est
  dépourvue d’instinct, cette carence originaire nous pousse à « une recherche inquiète de la plus
  grande quantité et de la plus grande variété d’informations » | 
|   | Erudition   | Le terme pourrait tout aussi bien se
  retrouver du côté de l’ignorance que de celui de la connaissance. C’est
  peut-être le vocable qui conviendrait le mieux à nos deux  compères Bouvard et Pécuchet, ou à
  « l’autodidacte » de la Nausée, de Sartre. Véritable
  chiffonnier de l’histoire naturelle et de l’histoire humaine, l’érudit
  accumule sans méthode et sans tri les curiosités de la nature, les vestiges
  du passé, les « types humains », mais avec la passion du
  collectionneur. Une telle accumulation ne débouche jamais sur la
  connaissance. Elle ne recherche que la variété pittoresque, non la
  variation  méthodique. | 
|  | Esthétique | Approche sensible du monde (sans étymologique) A compter du XIXe siècle le terme désigne la
  réflexion philosophique consacrée aux beaux arts et à l’approche particulière
  que l’art a du réel, tant sur le plan du sensible, que sur celui des formes
  ou encore de l’intelligible. On peut considérer qu’à côté de l’approche
  rationnelle (sciences) du monde et de l’homme, d’autres approches telles
  l’approche esthétique  définissent
  autant de points de vue humains qui ne s’opposent pas nécessairement  mais se complètent. | 
|   | Ethique       | Science de la morale. Le terme est souvent confondu
  avec celui de morale Dans l’antiquité, l’interrogation éthique n’était
  pas distincte de la question du savoir. A la période moderne, et en
  particulier avec Kant, les trois questions 
  de l’action, de la connaissance et de l’espérance : « que dois-je faire ? que puis-je
  connaître ? Que m’est-il donné d’espérer ? » | 
|   | Etre cultivé | Au sens 2 du mot culture, cette
  expression désignerait tout homme, puisque aussi bien tout homme, en tant
  qu’il fait partie d’un peuple, a nécessairement une culture. Mais au sens restreint (1) être cultivé c’est bien
  souvent se conformer à un idéal social, s’intéresser aux domaines
  « nobles » ou considérés comme tels par la classe dominante. Ce
  sens est donc aussi un jugement de valeur, et aussi d’exclusion de ce que
  l’on nomme « les incultes» | 
|   | Expérience première | Premier obstacle épistémologique distingué par Bachelard  «La pensée préscientifique ne s'acharne pas
  à l'étude d'un phénomène bien circonscrit. Elle cherche non pas la variation mais la variété. Et c'est là
  un trait particulièrement caractéristique : La
  recherche de la variété entraîne l'esprit d'un objet à un autre, sans
  méthode; I'esprit ne vise alors que l'extension des concepts; la recherche de
  la variation s'attache à un phénomène particulier, elle essaie d'en
  objectiver toutes les variables, d'éprouver la sensibilité des variables.
  Elle enrichit la compréhension du concept et prépare la mathématisation de
  l'expérience » « Loin d'aller à l'essentiel, on augmente le pittoresque: on plante des fils dans la boule de moelle de sureau pour obtenir une araignée électrique[1]. C'est dans un mouvement épistémologique inverse, en retournant vers l'abstrait, en arrachant les pattes de l'araignée électrique, que Coulomb trouvera les lois de l'électrostatique »   C’est la confiance aveugle accordée à l’observation
  des phénomènes, sans recul critique. On y recherche essentiellement ce qui
  étonne, ce qui surprend. Le pré-scientifique va alors au hasard, quêtant les
  « curiosités de la nature » pour en faire une véritable collection.
  Comme le dit Bachelard, il préfère l’esprit de « variété » à
  l’esprit de « variation »  C’est l’obstacle que rencontrent : -       
  Ménon : dans ses
  premières définitions de la vertu : le concept est envisagé en extension
  (différentes variétés de vertus) et non en lui-même (selon son essence) -       
  Ceux qui croient voir
  dans le mouvement apparent du soleil la confirmation du géocentrisme. -       
  Bouvard et Pécuchet,
  qui sont les prototype même des érudits collectionneurs. | 
| F | Falsifiabilité | Concept créé par K. Popper,
  épistémologue. Aucune connaissance rationnelle ne peut prétendre
  s’imposer comme un dogme éternel. Au contraire, toute loi scientifique doit
  être considérée comme valide une fois vérifiée les exigences précédentes de
  cohérence et d’objectivité. Mais la possibilité d’une critique ultérieure
  doit être maintenue : en droit, toute loi physique peut être démentie
  par le cours ultérieur du développement de la connaissance. | 
|   |           | Fonder ce qu’on affirme, c’est en produire la justification
  ou la raison d’être.  S’il s’agit de connaissances, le fondement est la
  base sur laquelle se construit l’édifice théorique : exemple les axiomes
  et les postulats en mathématiques. S’il s’agit d’une question éthique, rechercher un
  fondement c’est rechercher la légitimité d’une idée, d’un comportement, d’un
  choix. | 
| G | Généralisation abusive | Second obstacle épistémologique
  distingué par G. Bachelard C’est la tendance inverse de celle constatée à
  propos de l’expérience première. Après avoir
  s’être dispersé C'est
  une autre tendance de la subjectivité humaine qui est à l'œuvre ici : la
  recherche de l'unité. Elle est constitutive de notre conscience et est à
  l'œuvre dans l'art aussi bien que dans la science. Il n'y a pas de savoir
  sans idée générale, ni abstraction sans concept "les idées générales ne peuvent s'introduire dans l'esprit qu'à l'aide
  des mots, et l'entendement ne les saisis que par des propositions. (…) Toute
  idée générale est purement intellectuelle ; pour peu que l'imagination s'en
  mêle, l'idée devient aussitôt particulière." (Rousseau, Discours
  sur l'origine de l'inégalité).  Mais
  cette tendance de notre subjectivité à tout ramener à l'unité est aussi un
  piège : si la généralisation est nécessaire au savoir, si "l'esprit ne fonctionne qu'à l'aide du
  discours" toute généralisation n'est pas pertinente. L'imaginaire
  peut bien nous pousser à construire autour d'un mot, une monstruosité
  conceptuelle dont la science aura à se débarrasser. Ici encore le double jeu du langage est patent :
  formation de concepts scientifiques d'une part, délire globalisateur de
  l'autre  | 
| H | Hasard | Rien n’arrive nécessairement | 
|   | Hypothèse | La connaissance ne peut jamais être une
  simple lecture de la nature : celle-ci ne parle pas ; celui qui
  veut la connaître doit aller vers elle avec une question, ou une hypothèse interprétative à vérifier. « Ton métier est d’interroger la nature »
  dit Diderot au scientifique. « Rien
  n’est donné, tout est construit » semble répondre à deux siècles de
  distance G. Bachelard. C’est donc armé d’hypothèses que le scientifique va
  vers le réel. Elles-mêmes sont soumises à des règles précises, évoquées par
  Poincarré -       
  Une seule hypothèse
  doit être formulée à la fois -       
  L’hypothèse doit le
  plus tôt possible être soumise à la vérification expérimentale -       
  Infirmée par
  l’expérience, l’hypothèse doit être abandonnée ; ce n’est pas pour
  autant un échec pour la science : la vérification de l’hypothèse a été
  l’occasion d’une expérience décisive. -       
  On doit se méfier des
  hypothèses inconscientes -       
  On ne doit pas oublier
  que « toute généralisation est une
  hypothèse», et comme telle susceptible d’être remise en question (cf. falsifiabilité)
  En d’autres terme une loi scientifique n’est jamais vérifiée que sur un
  échantillon représentatif de cas : on en induit que la loi est vraie
  pour tous les cas de même espèce, mais ce n’est jamais qu’une généralisation.
  Voir aussi : question | 
| I | Idéalisme       | Doctrine qui affirme le prima de l’idée sur la
  sensation. On distinguera l’idéalisme antique, celui de Platon par exemple
  qui va  jusqu’à affirmer que la
  réalité est l’idée (par opposition à la matière) de l’idéalisme moderne
  (ex : Descartes, Kant) qui accorde aux idées ou aux
  concepts une place prépondérante dans l’élaboration de nos connaissances. | 
|  | Idéologie | Totalité de référence, dans laquelle un peuple ou
  une classe sociale se représentent ou se comprennent. L’idéologie propose un
  système de représentations cohérent qui sert de référence et
  donne sens aux actions des hommes. On peut citer par exemple l’idéologie de
  la nature, celle du progrès, ou de l’histoire, ou encore celle du  cosmos antique qui servait à la fois de
  représentation de l’univers et de modèle social et éthique. | 
|   | Ignorance | Ce terme peut recevoir plusieurs acceptions : -       
  Le pseudo savoir (croire
  que l’on sait) -       
  L ‘absence de
  connaissances Le premier terme est l’ignorance vraie, au sens où,
  comme le dit Platon, quand on ne croit pas manquer d’une chose, on ne la
  désire pas.  La seconde forme nous
  laisse au moins l’espoir de construire un savoir à partir de cette table
  rase. | 
|   | Imagination | Originellement, faculté de penser par des images, de
  se construire une représentation virtuelle imagée d’une
  réalité quelconque.  Le terme connaît aujourd’hui une extension qui le
  fait désigner les productions fictives liées au désir. L’imagination en ce
  sens serait plutôt la faculté de fantasmer. | 
|   | Imbécillité | Etymologiquement « sans soutien » Le terme renvoie à l’idée de faiblesse. C’est par ailleurs une catégorie de terminologie
  médicale : « ...dont l’âge
  mental est  intermédiaire entre celui
  de l’idiot –2 ans- et du débile-7 ans-)»  | 
|   | Immédiat/médiat | Immédiat : au sens habituel, tout de suite ; la
  philosophie lui redonne son sens étymologique : sans médiation, sans
  intermédiaire Médiat : qui suppose une médiation, un
  intermédiaire. Ainsi, parler introduit une médiation dans la
  relation de moi à autrui. Cette médiation, c'est celle du langage, terrain
  commun qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre. | 
|   | Inculte   | Cf. être cultivé | 
|   | Insociable sociabilité | Concept rousseauiste repris par Kant : Double tendance des hommes vivants en société : D’une part amour des autres qui est nécessaire à la reconnaissance
  mutuelle des sujets. D’autre part amour de soi, découverte de son intérêt
  propre face à l’intérêt d’autrui Selon Rousseau cette double tendance serait la cause
  principale de désordre dans la société, qui fait que toute société, même la
  mieux constituée (contrat social) est constamment menacée de ruine.   | 
|   | Instinct | Modèle de comportement spécifique des animaux.
  L’instinct est transmis génétiquement. Il est une structure de comportement
  qui indique au spécimen animal non seulement les conduites de
  survie (chasse, fuite, reproduction) mais la plupart de ses comportements
  grégaires ainsi que les signaux de son biotope auxquels il est sensible.
  L’instinct n’est pas une connaissance : c’est un ensemble de conduites
  nécessaires qui ne requièrent ni la conscience, ni la volonté. | 
|   | Instruction | Action d’apprendre à quelqu’un ce qu’il est utile ou
  indispensable de connaître. C’était d’ailleurs le nom ancien du ministère de
  l’éducation nationale, appelée alors de « l’instruction publique » :
  on y visait essentiellement l’apprentissage des trois
  connaissances de base du citoyen : savoir lire, écrire, et compter. Le
  terme renvoie à l’idée d’institution (cf. « instituteur) et c’est celui
  qui est d’ailleurs repris par les grands corps de l’état : instruction
  militaire, religieuse, civique etc..  | 
|   | Concept provenant de la phénoménologie de Husserl et que l’on retrouve ensuite dans les philosophies de Merleau-Ponty, Sartre et Heidegger. Il peut se résumer dans cette formule de Husserl : « Toute conscience est conscience de quelque chose» ; ce qui signifie : - 1° qu’il n’y a pas de conscience vide, toute conscience se manifeste toujours dans son rapport à ses objets - 2° que cette conscience doit toujours pouvoir se distinguer de ses objets. Elle se distingue ainsi du syncrétisme animal par sa faculté de se poser comme sujet face à son objet. En quelque sorte, si le cogito cartésien est une certitude, c’est une certitude vide ; Husserl propose d’y adjoindre son cogitatum (ce qui est pensé) ; Sartre proposerait même d’y adjoindre un cogitatum (nous pensons) «en disant «je», je dis aussi tous les autres. » « Le mot d’intentionnalité ne signifie rien autre chose que cette particularité foncière et générale qu’a la conscience d’être conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même» Husserl, Méditations cartésiennes, 1929, 2nd méditation, §24. | |
| L | Système de signes La notion de système renvoie tout d’abord à celle de combinatoire, ou mieux d’articulation d’éléments premiers. Le langage est articulé sur trois niveaux, phonétique, (niveau des sons constitutifs de la langue, ou phonèmes), morphologique (niveau du lexique et des mots, modèles morphologiques du nom, du verbe, de l’adverbe etc...) et syntaxique (niveau de la proposition, puis de la phrase). Ceci fait qu’un langage, avec un nombre fini d’éléments premiers (phonèmes) peut élaborer une infinité d’énoncés, non déductibles du système lui–même. On prendra soin de distinguer le système de signes (humain) des codes de signaux des animaux. | |
|   | C’est la forme d’existence théorique d’un langage, d’un système de signes, constitué d’une grammaire (règles morphologiques et syntaxiques,) et d’un lexique (système phonétique et sémantique) Une telle langue peut ne plus être parlée (langues mortes # langues vivantes) et se distingue de la parole sa mise en œuvre dans le discours. | |
|   | Fondement  moral d’une pensée, d’une action, ou d’une
  institution. Rousseau : « On n’est obligé d’obéir qu’aux puissances
  légitimes» Quelles sont les conditions d’une légitimité en
  droit ? Se référer à une valeur qui a les qualités d’être
  universalisable, transcendante, en un mot, absolue. (Dieu, le Souverain Bien,
  La déclaration universelle des droits de l’homme) | |
|   | Liberté | Concept sur-déterminé, on ne peut donc en quelques
  lignes en définir les contours. Pour l’homme elle ne saurait être la possibilité
  « de faire ce qu’on veut quand on le veut » (libre arbitre), car les hommes ne sont pas des dieux.
  Trois définitions pour cadrer le problème de la liberté pour les êtres
  humains : Rousseau : L’obéissance
  à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » Hegel : La
  liberté, c’est l’intellection de la nécessité Marx : Le
  domaine de la liberté commence là ou s’arrête celui du travail nécessaire | 
|   | (sens moderne) Prétention de l’homme de choisir
  librement ses actes, d’en être la cause première et absolue.  On peut dire que la « liberté
  naturelle », chez Rousseau correspond à cette notion de libre arbitre,
  dans son opposition à « liberté sous les lois ». La liberté ainsi
  définie est une illusion, dans la mesure où elle relève plus d’un dieu
  omnipotent que d’un homme : celui-ci est un être fini, mortel et faible
  et ses désirs seraient même infinis qu’il ne pourrait les satisfaire. | |
| M | Manque de savoir | Sa reconnaissance est pour Platon le début de la
  dialectique. C’est parce que le jeune esclave reconnaît primitivement
  son erreur qu’il peut progresser dans le savoir. | 
|   | Méthode | Etymologiquement « poursuite »,
  « recherche » mais aussi du grec 
  méta : vers et hodos chemin Il est intéressant de remarquer que l’étymologie
  retient l’idée de cheminement et d’orientation de la recherche. Ce qui
  signifie qu’avoir une méthode, c’est conditionner des moyens, organiser des
  procédures, en vue d’une fin.  Bouvard et Pécuchet font la démonstration des aberrations où mène une
  recherche sans méthode. Trop pressés d’arriver aux résultats, convaincus que
  quantité vaut mieux que qualité, ils abusent des dosages en agronomie,
  poursuivent de front des essais sur des techniques incompatibles, passent sur
  les détails.. en bref, la meilleure des technique, le plus juste des savoir
  appliqué sans discernement par eux conduit avec une régularité métronomique à
  l’échec Cependant il ne suffit pas d’avoir une méthode,
  elles ne se valent pas toutes comme le montre la comparaison entre la
  dialectique, mise en œuvre dans le dialogue avec le jeune esclave et l’aporie
  à laquelle conduit la confrontation des résultats des méthodes hypothétiques
  et empiriques. (troisième partie du Ménon  Citons pour conclure sur cette question des méthodes
  par les citations de Descartes (Discours de la méthode, deuxième partie) et
  de Galilée (Vie de Galilée tableau 9 p.98) Préceptes pour la direction de l’esprit Le premier
  était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse
  évidemment être telle ; c’est à dire d’éviter  soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne
  comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si
  clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de
  le mettre en doute. Le second
  de diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles
  qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour le mieux résoudre. Le
  troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets
  les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme
  par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; et supposant
  même de l’odre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les
  autres. Et le
  dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si
  générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. Gallilée : Et avec
  quelque espoir de prouver la rotation du soleil. Mon intention n’est pas de
  démontrer que j’ai eu raison jusqu’alors mais de chercher à savoir si j’ai eu
  raison. Je vous le dis : laissez toute espérance qui entrez dans
  l’observation. Ce sont  peut-être des
  vapeurs, peut-être que ce sont des taches, mais avant d’opter pour les
  taches, ce qui nous arrangerait, nous préférons supposer que ce sont des
  queues de poisson. Oui, encore une fois, nous allons tout, tout remettre en
  question. Et nous n’allons pas avancer avec des bottes de sept lieues mais à
  la vitesse d’un escargot. Et ce que nous trouverons aujourd’hui, nous
  l’effacerons demain du tableau, pour ne le réinscrire que lorsque nous
  l’aurons trouvé encore une fois. Et ce que nous souhaitons trouver, une fois
  trouvé, nous allons le regarder avec une méfiance particulière. Ainsi, nous
  allons commencer l’observation du soleil avec l’intention inexorable de
  démontrer l’immobilité de la
  terre ! Et seulement quand nous aurons échoué, définitivement battus et
  sans espoir, léchant nos blessures, dans le plus triste état, alors nous
  commencerons à nous demander si nous n’avions pas tout de même eu raison, et
  que la terre tourne ! | 
|   | Tripartition de la vie psychique, particulière à la
  seconde topique de Freud ;  Le ça  est
  l'ensemble des pulsions originaires et des pulsions refoulées Le surmoi est l'ensemble des interdits intériorisés par le sujet. Le moi est l'instance d'arbitrage. | |
|   | Moral, morale | Qui peut faire l’objet d’un choix volontaire et
  libre (cf. le texte « du droit du plus fort » in Le Contrat
  social de Rousseau. Notons que seul un choix libre peut être qualifié de
  moral  En référence aux valeurs ou aux normes : dans
  ce cas il est important de savoir si on a affaire à une interrogation portant
  sur le fondement et la légitimité de cette valeur (problème éthique) ou à la conformité à
  une norme (problème normatif)   | 
|  | Mythe | Représentation collective propre à
  un peuple ; le mythe se distingue de l’idéologie en
  tant qu’il utilise généralement un langage métaphorique ou allégorique, de
  préférence au discours rationnel. | 
| N | Nature humaine / condition humaine | On ne peut parler de nature humaine, comme on parle
  de la nature du chien ou du cheval. En effet, aucun comportement humain n’est
  universalisable à l’espèce, mais toujours vécu particulièrement au sein d’une
  société donnée ; on parlera donc plutôt de condition humaine en tant que
  les problèmes que rencontrent les hommes dans leur existence sont les mêmes
  pour tous : aimer, mourir, se représenter la nature, lutter contre
  l’injustice, la haine, la bêtise, être attiré vers le sublime. On pourrait
  ajouter que la condition humaine est tragique (voir ce terme) | 
|   | Nécessité | Qui ne peut pas ne pas être, par exemple une loi
  physique : la pesanteur ; ou encore le besoin, la faim par exemple.
   # contingent, Arbitraire ; Obligation   | 
|   | Nihilisme | Théorie proclamant la négation de toutes les valeurs
  connues. Le nihilisme est à distinguer du scepticisme, ou mise en œuvre du
  doute, qui est une attitude critique, mais constructive | 
|   | Position éthique, défendue par Gandhi et Martin
  Luther King, préconisant le refus de toute violence dans le règlement des
  conflits humains. La violence,
  dit Gandhi, est la loi de la brute. En choisissant la non-violence,
  l’oppressé montre la supériorité de sa dignité sur celle de son oppresseur.
  Celui-ci a choisi la violence, la loi de la brute. Il convient toute fois de distinguer la non-violence
  qui est un concept actif de lutte politique, à la soumission passive,
  assimilable à une lâcheté. La non violence est donc du côté du droit. | |
|   | Norme (sociale ou morale) | Etym. : du latin norma, règle, équerre. Convention qui, dans une société donnée fixe les limites de ce qui est admissible, comme pensée, comme comportement. La norme a donc un caractère relatif : elle varie d’une civilisation à une autre, elle est arbitraire, conventionnelle, acquise, comme toutes les autres données de la culture. On prendra soin de distinguer la norme de la valeur. | 
| O | Objectivité / subjectivité | Objectivité : 
  (de objet, « ce qui est placé devant») Principe fondamental de la
  rationalité de reconnaître et de maintenir  la différence entre le sujet de la connaissance et son objet, refus
  de toute projection du sujet dans son objet. Attention de ne pas donner à ce
  terme le sens abusif de « connaissance vraie ». Voire aussi subjectivité | 
|   | Etym. : ce qui est placé devant Le concept d’objet n’a pas de connotation éthique (ce qui n’est pas le cas du concept de chose) Il se conçoit dans l’opposition au concept de sujet Désigne ce qui est pensé, par opposition à l’acte de penser. Tout ce qui existe (choses, idée abstraites, personnes,etc...) est pour celui qui pense (sujet) un objet. Ne pas confondre avec « chose » Cf. aussi « objectivité/subjectivité) | |
|   | Obligation | Décision qui relève d’un choix moral. Ëtre obligé
  signifie que l’on a le choix  de
  respecter la valeur, ou l’interdit, droit ou le devoir, ou au contraire d’y
  transgresser. En cela l’obligation
  se distingue de la nécessité : pour vous en souvenir rappelez-vous
  l’exemple : c’est par nécessité que je ne peux voler comme un oiseau,
  c’est par obligation morale que je peux ou non voler (comme un voleur), selon
  que je choisis d’être honnête (valeur) ou malhonnête. | 
|   | Obstacles épistémologiques | Concept emprunté à G. Bachelard. « C’est
  en terme d’obstacles qu’il faut penser les progrès de la connaissance
  scientifique»  L'évolution
  des connaissances n’est pas un progrès continu, mais un parcours semé
  d'embûches. Les difficultés rencontrées sont non seulement externes, mais
  aussi sécrétées par la science elle-même. En fait, le réel n'apparaît
  jamais  clair qu'a posteriori. Le processus cognitif est une dénonciation de  l'erreur contre laquelle se bâtit la
  vérité. La
  connaissance ne fleurit pas  dans le
  désert, elle doit lutter contre le pseudo savoir des préjugés. Cette
  doxologie est un savoir-faire, non un savoir penser, elle accumule les faits
  sans les questionner. Au contraire, le sens de la question est la marque des
  sciences. Pour elles, le savoir est à construire, non à recueillir. Mais la science peut aussi être son propre ennemi. Car toute découverte consacrée sclérose l'esprit : loin de créer, il conserve. La paresse intellectuelle l'entraîne insensiblement sur la pente du confort de pensée, où l'on préfère l'acquis à l'inconnu. C'est ainsi que se stérilise le désir de connaissance. Bachelard distingue trois obstacles majeurs : On pourrait y ajouter : Et ce qu’Alain considère comme la première
  difficulté à vaincre pour construire une connaissance : -     | 
|   | Opinion | Voir : Science et opinion   | 
| P | La langue, telle qu’elle est utilisée dans le discours. La parole nourrit la langue ; c’est par usage que cette dernière se modifie et c’est un exemple qui montre la différence entre instinct et culture. L’usage d’un code de signaux est invariant chez les animaux, il ne subit aucune transformation par l’usage ; la parole, au contraire donne naissance à une multitude de variations individuelles et locales de la langue, ce qui la fait évoluer diachroniquement (=à travers le temps). | |
|   | Passions | Le concept est controversé puisqu’il est synonyme,
  pour la plupart des penseurs des périodes antique, médiévale,  et 
  moderne comme marque de notre finitude et de notre incomplétude, et
  que, à partir de la fin du XVIIIe siècle, il devient au
  contraire synonyme de progrès des sociétés (Rien de grand dans le monde ne s’est accompli sans passions –Hegel-) Dans la conception négative des passions (passions
  comme malheur de l’âme et dépendance par rapport au corps) elles sont un
  obstacle à la progression vers l’intelligible (Platon : « opinions du corps») ou ennemies de la raison
  (modernes) Dans la conception romantique  (positive) des passions, elles sont au
  contraire le ferment de la perfectibilité (Rousseau), appel au dépassement de
  soi (Hegel) Cette opposition se retrouve dans nos œuvres :
  les passions (désir de réussite sociale et de jouissance) aveuglent Ménon, la
  passion du savoir anime Galilée. | 
|   | Pensée de l’amalgame | L’une des formes d’existence de
  l’ignorance, c’est la méconnaissance de l’hétérogénéité des savoir, le
  mélange des genres. Ainsi, par exemple, Bouvard et Pecuchet vont mettre sur
  le même plan des théories et des pratiques relevant de la pensée magique, de
  la pensée religieuse ou de la pensée rationnelle. | 
|   | Pensée magique | Pensée aux antipodes de la science, puisqu’elle postule
  une continuité entre le sujet (magicien) et son objet. Dans cette forme de
  pensée, l’esprit est censé pouvoir agir directement sur les choses,
  sans médiation. Elle est donc en contradiction flagrante avec l’exigence
  d’objectivité des sciences.  | 
|   | Pensée unique | Forme perverse de l’ignorance, qui consiste à bâtir
  un système de représentation clos sur lui-même ; c’est précisément
  l’usage que fait du système de Ptolémée l’officialité
  romaine. En « bouclant »ainsi le savoir, on assure la pérennité d’institutions
  ou de castes, sans contestation possible. | 
|   | Perception | C’est la sensation telle qu’elle est organisée,
  différenciée et nommée par l’esprit | 
|   | Perfectibilité | Concept central du Discours sur
  l’origine de l’inégalité, de Rousseau. C’est ce qui différencie « virtuellement »
  l’homme à l’état de nature de l’animal. C’est la capacité à devenir autre,
  c’est à dire à progresser à la fois vers le bien et vers le mal. Mais cette
  capacité reste endormie à l’état de nature, elle ne se développe que tout au
  long de l’histoire, dans les interactions de l’existence sociale. La perfectibilité est la condition du progrès des
  connaissances, ce par quoi les êtres humains dépassent toujours l’instinct. | 
|   | Performance   | Terme emprunté à la linguistique mais qui peut
  s’étendre à toute conduite culturelle. Capacité, à partir d’une compétence donnée (par exemple la possession d’un code
  linguistique) d’adapter de nouveaux énoncés ou de nouvelles conduites non
  prévues par le code. Par exemple on dira que l’homme est capable de
  performance linguistique, dans la mesure où sur la base de la connaissance
  d’un langage, il peut créer des énoncés
  nouveaux. L’animal, lui, est incapable de performance : il se contente
  de reproduire des énoncés ou des
  conduites enregistrées par dressage ou de manière
  génétique.   | 
|   | On pourrait reprendre ici l’opposition Kantienne entre la personne et la chose. Considérer un homme comme une personne c’est le reconnaître en lui un être raisonnable, le considérer comme fin, et non comme moyen, et voir en lui une valeur absolue et non relative. | |
|   | Philosophie du non | Titre d’un ouvrage de G. Bachelard et concept central de son épistémologie. Conception
  du progrès des sciences comme dialectique, au sens hegelien du terme. Les sciences
  ont progressé, les concepts scientifiques se sont forgés au sein d'un mouvement dialectique d'oppositions
  successives, mais où chaque moment de l'évolution était  également nécessaire au développement de
  l'ensemble. Ainsi comprendra-t-on les obstacles épistémologiques
  rencontrés dans l'histoire de la formation des concepts scientifiques comme
  étant à la fois des freins à ce
  développement mais aussi les conditions
  nécessaires à ce développement.   | 
|   | Polysémie du langage | Outil nécessaire à la connaissance (c’est dans le mot que nous pensons –Hegel-), le langage peut aussi être un
  piège et une entrave à son progrès. « Les
  mots sont des outils essentiels pour formuler et communiquer les pensées, et aussi
  pour les emmagasiner dans la mémoire; malheureusement, les mots peuvent
  devenir pièges, appeaux ou camisoles de force. Nombreux sont les concepts
  fondamentaux de la science qui, à telle ou telle époque, ont servi à la fois
  d'outils et de pièges; par exemple « temps, espace », « masse », «  force », « poids », « éther », « corpuscule », « onde », dans
  les sciences physiques; « but », « 
  volonté », « sensation », « conscience », « conditionnement», en
  psychologie; et en mathématiques: « limite », « continuité », « calculabilité
  ", «divisibilité ». Car il ne s'agissait pas de simples étiquettes,
  comme les noms donnés aux personnes et aux objets; il s'agissait de
  constructions artificielles qui, derrière une façade innocente,
  dissimulaient les traces de l'espèce particulière de logique qui avait servi
  à les fabriquer. Pour reprendre l'exemple de Sidney Hook: « En dressant le tableau des catégories
  qui, à ses yeux, représentait la grammaire de l'existence, Aristote projetait
  en réalité sur le cosmos la grammaire de la langue grecque ». La science
  occidentale a bien mis deux mille ans a se délivrez de l'hypnose produite par
  Aristote, dont la philosophie pénétrait la structure même du langage
  définissant non seulement les notions de la « science », mais aussi celles du
  « sens commun ». Toutes les grandes révolutions de la pensée scientifique
  durent se faire non seulement contre les dogmes aristotéliciens, platoniciens
  ou chrétiens, mais aussi contre ce qui paraissait l'évidence et le bon sens: les règles informulées du code. Chaque
  fois, il fallut battre en brèche l'ordre établi de la pensée conceptuelle.
  Kepler renversa la doctrine « évidente » du mouvement circulaire uniforme;
  Galilée ruina la notion de bon sens que tout corps en mouvement doit avoir un
  « moteur » pour le tirer ou le pousser. Newton, non sans répugnance, dut
  contredire l'expérience et montrer qu'il y a action possible sans contact;
  Rutherford dut commettre une contradiction dans les tannes en affirmant que
  l'atonie, dont le nom signifie « indivisible », est divisible. Einstein nous
  interdît de croire que les horloges tournent à la même vitesse en n'importe
  quel point de l'univers; la physique des quanta a escamoté le sens traditionnel
  de mots tels que matières énergie, cause et effet. Les préjugés
  et les impuretés qui se sont incorporés aux concepts verbaux d'un « univers
  du discours» donné ne seront éliminés par aucun discours à l'intérieur de cet
  univers. Ce n'est pas en jouant à un jeu que l'on peut en modifier les
  règles, si absurdes qu'elles soient. De toutes les formes d'activité mentale,
  la pensée verbale est la plus claire, la plus complexe et la plus vulnérable.
  Elle est capable d'absorber toutes sortes de suggestions chuchotées et d'en
  faire des règles secrètes du code. Le
  langage peut faire écran entre le penseur et le réel. Et c'est pourquoi, bien
  souvent, la véritable création commence où finit le langage.» (Arthur KOESTLER ‑ Le cri d'Archimède.) | 
|   | Préjugé | A rapprocher des concepts d’opinion et de pseudo-savoir, le préjugé, qu’il soit social ou moral
  est l’obstacle le plus évident au progrès de la connaissance. C’est le
  préjugé social qui fait d’Anytos un 
  être borné, le préjugé politique qui nourrit la censure de l’inquisition,
  les préjugés moraux et sociaux enfin qui enferment  les notables de Chavignolle dans leur crasse d’ignorance. | 
|   | On dit avoir un prix par opposition à «être une valeur » Ce qui a un prix peut-être échangé contre autre chose. Sa valeur n’est donc que relative. C’est le cas de choses. | |
|   | pseudo savoir | Ce n’est pas l’absence de savoir qui
  est constitutive de l’ignorance, mais croire que l’on sait déjà/ Ainsi les prisonniers
  de la caverne sont prisonniers du savoir des ombres, qu’ils pensent être
  vraies. De la même façon, la connaissance de la cosmologie de Ptolémée
  empêche les membres de l’officialité romaine de dépasser ce point de vue pour
  comprendre les innovations de la science nouvelle. Enfin, jamais Bouvard et
  Pécuchet ne remettent vraiment en cause leur propre ignorance, ils croient
  leurs livres sans aucun recul critique ni sur leurs auteurs, ni sur eux-même. | 
| Q | Question | «Connaître,
  c’est à une question apporter une réponse, mais là où il n’y a pas de
  question, il n’y a que du néant » « Décrire
  ce que l’on voit, passe encore, voire ce qu’il faut décrire, voila le
  difficile»  Lucien Febvre (historien contemporain) | 
| R | Raison | Capacité de jugement par laquelle l’homme est
  capable d’organiser, de systématiser sa connaissance et sa conduite, et
  d’identifier des relations causales dans le monde naturel et dans son propre monde. Le terme a donc deux significations : L’une éthique, qui concerne les conduites,
  l’action : le raisonnable L’autre épistémologique, qui concerne la
  connaissance : le rationnel.  | 
|   | Raisonnable | Le sens éthique du concept de raison. Le raisonnable a d’abord une signification commune,
  proche de la prudence ; on lui donnera le sens de conduite mesurée et
  réfléchie, par opposition aux conduites spontanées et irréfléchies. Mais c’est aussi la conformité à un idéal moral,
  fondé sur des valeurs de raison du type des impératifs catégoriques de Kant. | 
|   | Rationalisation | La raison envisagée du point de vue pratique, comme
  application des modèles scientifiques à des conduites humaines. On parlera en
  particulier des rationalisations techniciennes :
  rationalisation de l’agriculture, du travail, de la gestion etc... | 
|   | Rationnel | C’est le sens épistémologique du concept de raison. Il indique la capacité à comprendre le monde, qu’il soit
  humain ou naturel comme un ensemble de relations structurées et
  hiérarchisées, déterminé par des lois accessibles à la compréhension humaine.
  Le rationalisme postule une identité entre l’ordre du monde et cet ordre
  rationnel que l’esprit humain porte en lui, qu’il soit d’origine divine
  (Descartes) ou constitutif de la structure de notre esprit (Kant) Les exigences du rationnel sont : La cohérence, interne ou externe L’objectivitéLa falsifiabilité On ne confondra pas le rationnel, la rationalité
  avec les rationalisations qui sont des
  applications pratiques (techniques) des lois rationnelles. | 
|   | Refoulement/résistance | Concepts créés par Freud pour rendre compte, d'une
  part, de la difficulté, rencontrée en cours d'analyse,  de faire revenir (résistance) à la
  conscience les faits psychiques inconscients et d'autre part pour expliquer
  le mécanisme d'amnésie frappant certains conflits psychiques entre exigences
  du ça et du surmoi. | 
| S | Savoir | C’est le terme générique qui indique l’acte par
  lequel nous connaissons une réalité quelconque ; il
  pourrait se traduire par « appréhender par l’esprit » | 
|   | Savoir-faire | Le philosophe Alain note que « le
  savoir-faire » s’oppose toujours au «savoir-penser » entendant par
  là que les intérêts pratiques ou passionnels peuvent nous
  empêcher de savoir théorique. Ainsi, l’habileté de l’archet le dispenserait
  de connaître la balistique. Alain relève que l’astronomie est historiquement
  la première des science, car son objet était loin de notre portée et de nos
  intérêts pragmatiques. On pourrait faire tout de même une restriction à ce
  propos, en montrant que  l’invention
  technique vut aussi génératrice de progrès du savoir, à commencer par
  l’invention de la lunette astronomique. | 
|   | Science | Voir Rationnel On se souviendra que le terme de science renvoie
  dans l’antiquité à un savoir beaucoup plus large, incluant des préoccupations
  éthiques et métaphysiques A partir de l’époque moderne on voit se constituer
  une entité autonome, la « scientia expérimentalis» (Newton) dont les
  pères fondateurs sont Copernic, Galilée, Descartes, Pascal. | 
|   | Science et opinion | L’opinion (la doxa), chez Platon, est un mode de pensée non réfléchie et qui
  s’oppose radicalement à la science qui, elle, est le point d’aboutissement du
  cheminement dialectique. Les prisonniers de la caverne n’ont pas de chaînes
  physiques, ce sont leurs opinions, qualifiées d’apparences, qui les tiennent
  prisonniers. Le cheminement progressif vers la connaissance de réalités
  supérieures (transcendantes, les idées)
  est caractéristique des « amis de la science » Il convient toutefois de montrer que ce concept de
  science n’a pas chez Platon qu’une signification de connaissance, mais aussi
  de sagesse, puisque aussi bien on ne désire devenir savant que pour
  développer et conquérir son être. A la période moderne, la science se constitue comme
  un domaine autonome par rapport à la métaphysique et à l’éthique. Elle
  devient  synonyme des connaissances
  rationnelles, une connaissance qui n’a de compte à rendre qu’à elle même (cf.
  rationalité) Le concept d’opinion renvoie souvent aujourd’hui à
  l’opinion commune, la représentation collective qui n’est généralement  validée par aucune argumentation, mais par
  les habitudes de penser. | 
|   | Scientisme | Ou religion de la science. Dans la
  continuité du positivisme d’Auguste Comte, on voit apparaître un mouvement de
  pensée, représenté par des auteurs comme Taine et Ernest Renan, qui
  développent et popularisent l’idée selon laquelle la science devrait demain
  dominer l’ensemble de la culture, en apportant des réponses définitives aux
  questions posées par les religions, la morale, la vie sociale. La science
  deviendrait même la poésie de demain, et E. Zola, dans « Mes
  évangiles » fait s’écrouler la dernière église sur le dernier curé
  au moment où il prononce son dernier Ite
  Missa est ; sur les ruines du vieux monde, la technoscience bâtira
  la cité radieuse où tous les hommes vivront fraternellement. On peut voir dans Bouvard et Pécuchet  une raillerie de ces prétentions
  démesurées. Eux vont faire la triste expérience d’une foi déraisonnée dans
  une caricature de science « réponse à tout », panacée de toute les
  misères humaines. | 
|   | Se cultiver         | Il s’agit de la mise en pratique d’un idéal de
  raffinement  individuel, tant dans la recherche exigeante de connaissances, que dans le
  développement de sa propre personnalité. L’idéal de « l’honnête »
  homme, à la fin du XVIIème siècle pourrait en être l’illustration. Mais se
  cultiver présente aussi des risques : celui en particulier de
  l’encyclopédisme (savoir universel) ou de la vaine érudition. | 
|   | Sensation | Simple information en provenance des sens, se
  distingue de la perception | 
|   | Sensibilité | Mode de connaissance par les sens. La sensibilité
  constitue notre « interface » de communication
  avec le monde extérieur. Elle ne se réduit pas à la connaissance sensible,
  mais aussi elle englobe la capacité à saisir la diversité sensible comme
  étant organisée en formes.  Au fur et à mesure que l’on progresse dans les
  sciences, la sensibilité est de moins en moins directement sollicitée dans
  les observations ou on lui substitue une instrumentation (appareils de mesure
  et d’observation) Descartes établira une critique de cette sensibilité
  dans la seconde Méditation. « Ainsi
  je comprends par la faculté de juger qui réside en mon esprit, ce que je
  croyais voir de mes yeux» | 
|   | Signal | Manifestation quelconque, artificielle ou naturelle qui provoque chez l’être qui la perçoit un comportement prédéterminé, inné (instinct) ou acquis (dressage, habitude) ; le signal ne requiert aucune compréhension, il appelle une action. Les soi-disant langages animaux sont en fait des codes de signaux prédéterminés et spécifiques. Ce ne sont donc pas des langages | 
|   | Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représentée est arbitraire et conventionnelle. En d’autres termes, dans le cas du signe, par opposition au symbole, le lien du signifiant au signifié est arbitraire et conventionnel | |
|   | Dans le signe ou le symbole linguistique, le support de la signification : un son, un graphisme, une image etc... Le lien entre signifiant et signifié est indissoluble, comme le recto et le verso d’une feuille de papier. Ce lien peut être arbitraire (signe) ou motivé (symbole) il est toujours conventionnel. | |
|   | Le sens véhiculé d’un signe ou d’un symbole. Il n’y a pas de signifié pur : celui ci passe toujours par un support, ou signifiant, qui sert de monnaie d’échange entre les hommes. Le découpage des différents signifiés est propre à une langue donnée, et les catégories de sens ne se recouvrent pas. | |
|   | Stupidité | On trouve le terme chez Rousseau, appliqué à l’état
  de nature (Discours sur l’origine de l’inégalité) Il y
  signifie : -   être frappé de stupeur, c’est le sens propre :
  un être figé et sans réactions (je suis
  resté stupide) -   être privé de lumières c’est à dire être ignorant au
  sens du manque de savoir. -   On remarquera que chez Rousseau, cette notion de
  « stupidité des brutes » s’accompagne de la perfectibilité (c’est à
  dire de la faculté de sortir de cet état) même si cela reste virtuel dans
  l’état de nature | 
|   | Subjectivité | Qui dépend du sujet 
  (et. « Qui est placé dessous »). Qui est l’œuvre de l’homme en
  tant qu’être pensant et volontaire. Se méfier de ne donner à ce terme qu’un
  sens négatif. (dans son opposition à l’objectivité) Ne pas oublier que la
  science, en tant qu’elle est le produit d’un « sujet de la connaissance)
  a également d’une certaine façon, une origine subjective. Voir aussi objectivité, curiosité | 
|   | Substantification | Troisième obstacle épistémologique
  distingué par G. Bachelard Si
  la science se doit de nommer ses objets, ou de créer des concepts pour rendre
  compte des phénomènes observés, elle ne doit pourtant pas  céder à la facilité de "baptiser la difficulté". C'est
  bien de cela qu'il est question ici, et le postulat de qualité substantielles
  pour rendre compte par exemple de l'électricité participe d'une simple
  interprétations langagière du réel. Le concept n'a pas plus de valeur que
  celui "d'éther" inventé à la fin du siècle dernier pour rendre
  compte du "milieu de propagation" des ondes électromagnétiques,
  faute de pouvoir concevoir qu'elles se propagent dans le vide. | 
|   | Du point de vue de la philosophie de la connaissance, représente l’esprit connaissant, dans son opposition à son objet. (termes voisins : je, moi, conscience) Note : le mot peut aussi avoir d’autres sens, en particulier celui d’une soumission à (sens politique : être le sujet d’un souverain) | |
|   | Superstition | Les mêmes remarques faites à propos de la pensée
  magique valent pour la superstition ; la seule différence est que dans
  la superstition, c’est que le sujet qui se place sous la
  domination de l’objet, qui prétend, comme dans le fétichisme, que la chose a
  le pouvoir de le rendre heureux | 
|   | Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représenté n’est pas totalement arbitraire. Il reste entre les deux une ressemblance naturelle (ex . : la balance pour l’idée de justice). En d’autres termes, dans le cas du symbole, par opposition au signe, le lien entre le signifiant et le signifié n’est pas arbitraire. | |
|   | Qualifie l'intelligence animale, par opposition à
  l'intelligence consciente. L'animal ne peut faire la différence entre ce qui
  est lui et ce qui n'est pas lui. Il ne se reconnaît pas comme sujet, face à ses objets : pour vous en
  souvenir : du chien qui ronge son os, on pourrait dire qu'en réalité c'est
  l'os qui ronge le chien dans la mesure où celui-ci n'est plus que cela,
  plaisir de ronger l'os.  | |
|   | Représentation spatialisé d'une réalité quelconque
  (un schéma est en quelque sorte une topique) Dans l'histoire de la psychanalyse, on  désigne par première et seconde topique
  deux théorisations successives des mécanismes psychiques conscients et
  inconscients. La différence essentielle est  que dans la première (<1920)les
  conflits psychiques opposent les pulsions inconscientes aux interdits de la
  pression sociale externe, alors
  que dans la seconde (>1920), les conflits sont internes au psychisme, entre deux entités de la vie psychique, le
  ça
  et le surmoi.
   | |
| T | Tragique | Trait dominant de la condition humaine d’être déchiré, partagé entre deux exigences d’égale nécessité mais mutuellement incompatibles. Exemples de tragique : L’insociable sociabilité Infinité du désir / finitude de notre puissance L’univers et le moi L’homme mortel / le désir d’immortalité Ni brute ni Dieu | 
|   | Etym. : transcendere, « passer au delà » Terme de métaphysique, caractère de ce qui est d’une nature supérieure, radicalement différente et séparée du monde empirique, par exemple, la transcendance divine, ou la transcendance de l’idée d’humanité par rapport à l’homme, ou chez Platon, les idées par rapport aux opinions. | |
| U | Au sens ordinaire : projet chimérique, illusion,
  pensée sans consistance En philosophie politique : projet de civilisation
  idéale (ex : phalanstère de Fourier)  | |
| V | Concept éthique à distinguer de celui de prix : le concept de valeur employé seul (une valeur, la valeur) s’entend comme absolue, alors que le prix est toujours une valeur relative (à quelque autre réalité) On distinguera aussi la valeur de la norme, sociale ou morale. La politesse, par exemple, est une norme sociale, non une valeur éthique ; la pudeur est souvent une norme morale, mais ne constitue pas une valeur absolue : preuve en est qu’elles varient selon les cultures. L’idée de valeur renvoie à une tripe idée : L’absolu : ce qui est son propre fondement, autosuffisant, ayant atteint un degré indépassable de réalisation de son être, parfait. # relatif La transcendance : Pour être un fondement absolu, la valeur doit être d’une nature supérieure, hétérogène par rapport aux être qui y adhèrent : ainsi le fondement de ces valeur est toujours un absolu, atteignable par la foi (ex : Dieu) ou par la raison (ex : l’humanité, les droits de l’homme) L’universalité : qui est susceptible de s’appliquer également à tous, en dépit des différences d’âge, de race, de sexe, de position sociale, de religion etc... | |
|   | Action contre une personne
  (éventuellement  soi-même) au mépris
  de sa vie et de sa dignité, refusant de la considérer comme un être
  conscient, raisonnable, volontaire. Quel qu’en soit les moyens, la violence
  est toujours la voie de la force : force physique, de l’argent, du
  langage, des armes, abus de faiblesse etc.. En cela elle s’oppose au droit
  qui est toujours une voie de raison. Ce concept est essentiellement éthique ; éviter
  soigneusement de le confondre avec agressivité Voir aussi : non-violence | |
|   | Volonté | Cf  poly. | 
 
M. Le Guen/11/2000
[1] Boule de sureau hérissée de fils de fer, dans laquelle on fait passer un courant électrique de sorte que les "pattes" s'agitent.