LA PERCEPTION

 

SENTIR, PERCEVOIR, NOMMER

Sommaire :

 

 

INTRODUCTION

 

SENSATION BRUTE :

Approche behaviouriste

Seuils de sensibilité, seuils différentiels

Limites de l’approche behaviouriste

 

PERCEPTION DES FORMES :

La gestalt-psychologie

La loi de la bonne forme

Forme prégnante

Limites de l’approche gestaltiste : le conflit des formes

 

PERCEPTION ET CULTURE : La SIGNIFICATION 

Un monde peuplé de sens

Interactions de la forme et du sens

Analyse sémiologique de l’image

 

 

APPROCHE PHENOMENOLOGIQUE :

Etre au monde : du regard de l’utilisateur à celui du contemplateur

 

CONCLUSION

 

 

p. 2

 

p. 3

 

 

 

 

p. 7

 

 

 

 

 

p. 11

 

 

 

 

 

p. 12

 

 

p. 15

 

 


INTRODUCTION :

 

Voir, entendre, toucher, sentir, goûter, cinq opérations de base par lesquelles nous sommes en relation avec notre environnement. Cinq opérations en apparence simples que certains, à la manière des empiristes* du XVIIIe siècle décrivent comme le résultat passif de l’affect du monde sur notre âme : nous ne serions qu’une cire molle sur laquelle les objets et phénomènes du monde viendraient marquer leur empreinte. Nos sens capteraient les simulacres* émis par les corps éloignés de nous, ébranleraient les atomes de notre âme, et finiraient ainsi par former une image, un son, ou toute autre sensation. Dans le prolongement de cette tradition, les behavioristes* du XXème siècle étudient notre rapport au monde comme un ensemble de réactions déterminées à des stimulii, sur le modèle du comportement animal.

 

Or, en dépit de cette simplicité apparente, nous devons bien reconnaître que la relation que nous entretenons au monde s’organise autour d’opérations complexes, qui interfèrent les unes avec les autres, au point que l’on pourrait dire que voir n’est pas voir, entendre n’est pas entendre, comme sentir n’est pas sentir, ou du moins pas seulement cela. Car, si la sensation est incontestablement le point de départ de notre connaissance du monde, elle s’organise en formes*, selon des lois qui sont tout autant issues de notre cerveau qu’elles  s’imposent comme structures inhérentes à l’objet.

Au delà, nous nommons les objets, leur attribuons une signification et une valeur ; ce sens, nous ne l’instruisons pas nous même : il renvoie à un monde peuplé d’autre êtres humains, et à la culture, au langage dans lequel nous parlons. Si bien que le sujet ne devrait pas dire simplement « je vois des stimuli», non plus seulement « je  perçois des formes » mais « nous reconnaissons et nommons des objets ».

 

Enfin, la perception que nous avons du monde rend compte du statut particulier de l’être humain, celui d’être-au-monde en tant qu’existant[1], et pas seulement vivant. Nous ne sommes jamais, tels les animaux, immergés dans un monde dont nous subissons la loi. Nous nous pensons en apposition par rapport à lui, notre monde est un monde pensé, non pas le monde en soi, ou le simple biotope. Chaque culture témoigne d’une manière particulière d’être-au-monde. La condition de l’homme lui impose un statut ontologique particulier[2], celle d’être à la fois accueilli par lui, en tant qu’être vivant sensible, en tant qu’il a un corps et rejeté par lui, en tant qu’il ne rencontre dans ce monde rien qui ressemble à sa conscience. Celle-ci est une fonction immatérielle, temporelle, et vise perpétuellement l’unité d’avec elle même ; le monde est matériel, spatial, et pure diversité : comment notre pensée consciente se crée-t-elle  son propre monde, ses représentations de son monde au centre d’une telle contradiction ?

 

C’est dire que l’approche de la perception ne peut se limiter à la simple description comportementaliste, non plus qu’à une simple approche psychologique et génétique. Elle requiert une véritable réflexion philosophique sur la manière dont nous concevons notre insertion dans le monde.

 


? Forme : ensemble structuré dans lequel nous organisons les diverses stimulations sensibles ; la loi de composition de l’ensemble structuré conditionne la perception de chaque élément  du champ perceptif. (voir aussi Gestalttheorie, ou psychologie de la forme.)

 

? Ontologique : partie de la philosophie qui se rapporte aux interrogations sur l’être (question ontologique : « pourquoi y a t-il rien plutôt que quelque chose ? » Leibniz)

 

? Simulacre : Dans la philosophie Epicurienne (sensualisme) les corps émettent des particules élémentaires qui viennent « frapper » nos sens. Dans le cas de la vue, ils peuvent être altérés par la distance entre l’objet et l’œil, d’où des erreurs de perception.

 

? Empirisme : Terme regroupant un ensemble de philosophies (Locke, Hume, J. S. Mill) qui font de l’expérience la source unique du savoir.

 

? Comportementaliste : terme français désignant les écoles anglo-saxonnes « behavioristes »

 


SENSATION* BRUTE :

La tentation serait forte, pour étudier la manière dont nous nous insérons dans le monde, de réduire les échanges entre nous et le monde au couple « stimulus-réponse », empruntant au modèle animal ses schéma comportementaux.

L’étude de la sensation serait alors essentiellement descriptive : elle viserait, sens après sens, à dresser la nomenclature complète de notre sensibilité, qu’elle classerait, hiérarchiserait, dont elle reconnaîtrait les limites etc. La psychologie du début du XXème siècle a vu dans cette étude « clinique », le garant du caractère « objectif » de son discours. On partait des faits, on étudiait la réaction des sujets en laboratoire ; on pouvait quantifier les réponses et les stimuli, en bref, on pouvait décrire le processus sensible comme n’importe quel autre objet de la nature.

On a ainsi aboutit à déterminer des « seuils de sensibilité » (fixant l’étendu du champ perceptif pour un sens donné). Ceci décrit par exemple les limites du spectre audible, de 16Hz à 20 000 Hz ou les limites du spectre lumineux visible, de 0.39µ à 0.82µ. Mais en fait, ces observations n’ont guère qu’une utilité pratique,  en matière de diagnostic médical, s’il s’agit par exemple d’identifier une anomalie auditive ou visuelle.

On a aussi délimité les « seuils différentiels », qui déterminent à partir de quelle variation minimale du stimulus, on provoque la perception d’une différence chez le sujet. C’est par exemple la limite différentielle de notre vue qui rend possible l’illusion du mouvement au cinéma. Au-delà d’un rythme de 24 images/seconde, l’œil n’est plus capable de percevoir une discontinuité dans le défilement des images.

Mais nous restons ici dans une approche physiologique ou neurologique de la sensation. Sans nier l’intérêt qu’une telle recherche présente pour la médecine, nous devons bien avouer que cela ne nous apprend pas grand chose sur la transformation de ces informations lumineuses ou sonores en images ou en sons pourvus de sens.

La pathologie nous montre d’ailleurs que voir ou entendre n’est pas qu’une affaire de capteurs : ceux-ci peuvent rester sains, l’œil peut par exemple continuer à réagir de manière réflexe à la lumière, sans que pour autant le sujet ne puisse, dans les cas de confusion mentale, identifier des formes ou des images.

 

Approche béhavioriste*

Cette approche neurophysiologique conduit directement à réduire les comportements humains à de simples couples stimuli-réponses, comme si les observations mécanistes et purement extérieures faites sur les animaux pouvaient être étendues à l’homme.

Les behavioristes n’étudient l’homme qu’au travers de ses comportements extérieurs, refusant toute spéculation psychologique sur la conscience et sur les motivations. Henri Laborit[3], dans le texte que nous citons, postule une continuité du comportement animal à l’homme : la différence intervient au niveau du langage, la conscience venant apporter des alibis langagiers tardifs à des comportements initialement déterminés mécaniquement par des stimulations extérieures. Les comportements humains dériveraient directement des quatre comportements animaux de base : la consommation (boire, manger, copuler), la fuite, l’agression, l’inhibition. Le substrat de ces divers comportement est physiologique : les comportementalistes demandent à la neurophysiologie de fournir  une représentation « somatique » des processus psychiques. D’où la conception « localisationniste » des trois cerveaux de McLean : le cerveau reptilien, le cerveau de l’affectivité ou de la mémoire, qui enregistre les expériences de plaisir ou de douleur, et enfin le cortex cérébral, qui permet d’associer des affects, des sensations et de créer des scénarii imaginaires.

Les trois étages du cerveaux co-existent chez l’homme, et les couches les plus archaïques déterminent les couches supérieures.

Dans le cerveau de  l'homme, ces trois cerveaux superposés existent toujours. Nos pulsions sont toujours celles très primitives du cerveau reptilien.(…)

Ces trois étages du cerveau devront fonctionner ensemble et, pour ce faire, ils vont être reliés par des faisceaux. L'un l'on peut l'appeler le faisceau de la récompense, l'autre on peut l'appeler celui de la punition, c'est lui qui va déboucher sur la fuite et la lutte. Un autre encore est celui qui va aboutir à l'inhibition de l'action, par exemple la caresse d'une mère à son enfant, la décoration qui va flatter le narcicisme d'un guerrier, les applaudissements qui vont accompagner la tirade d'un acteur, eh bien tout cela libère des substances chimiques dans le faisceau de la récompense et aboutira au plaisir de celui qui en est l'objet.(…) Ainsi nos trois cerveaux sont là, nos deux premiers fonctionnent de façon inconsciente, nous ne savons pas ce qu'ils nous font faire ; pulsions, automatismes culturels. Et le troisième nous fournit un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi, au fonctionnement inconscient des deux premiers.[4]

 

Limites de l’approche béhavioriste

L’étude « in-vitro » est nécessairement réductrice. Soumettre un sujet à des stimulations isolées dans un contexte expérimental dont on défini a priori le protocole, autant de conditions qui s’éloignent de l’expérience vécue. Par exemple, une telle étude suppose que l’on observe séparément les diverses stimulations, sonores, visuelles, olfactives, etc… alors que dans l’expérience vécue elles sont associées les unes aux autres, redondantes ou complémentaires. La saisie d’un phénomène ne peut être ainsi artificiellement détachée de son contexte sensible, intelligible et affectif, ce que suppose l’expérimentation de laboratoire.

 

D’autre part, cette approche ne tient pas compte de la capacité de structuration des données sensibles, propre au cerveau humain et dans une certaine mesure au cerveau animal. Nous verrons plus loin[5] que les sensations brutes s’organisent selon des lois, innées ou acquises, et que nous percevons, non des stimuli isolés, mais des constellations de stimuli, déjà organisées selon des lois de composition interne.

 

Enfin, une approche comportementaliste (behavioriste) conduit à des positions aussi réductrices que de dire :

« Le cerveau ça ne sert pas à penser mais ça sert à agir. » (Henri Laborit)

Faire des production de la pensée de simples alibis langagiers à des conduites dictées par des déterminations archaïques de notre être, c’est nier

-         que les couches les plus archaïques de notre psychisme, ce que les freudiens appellent l’inconscient, sont déjà organisées comme un système symbolique, comme en témoignent en particulier les rêves.

-         que le sujet a un libre arbitre, ce qui rend inexplicable qu’il puisse faire preuve d’un comportement volontaire et désintéressé, ou que par exemple, il puisse aimer son prochain comme lui-même

-          que nos actions et nos perceptions se font aussi en s’inspirant de valeurs, c’est à dire de réalités idéales que nous élisons justement comme nôtres.

-         En un mot c’est nier la moralité des conduites humaines et faire de l’homme non le sujet qui pense, mais un objet qui subit.

« Le behaviorisme, qui se propose l’expérimentation, considère que l’existence de la conscience nous ramène aux anciens jours de la superstition et de la magie » (Naville)

Il est sans doute important de relever que nos conduites dérivent de ces anciens comportements animaux. Mais qui dit que l’homme doive faire la bête ? Il a sans aucun doute une autre place à tenir dans la création.

La perception ne peut donc se réduire à un processus mécanique d’empreintes faites sur notre sensibilité par les objets et phénomènes du monde extérieur. Il suffit de faire référence à la plus humble expérience de relation à l’objet, par exemple vu à travers le prisme de la symbolique utilisée par la publicité pour s’en rendre compte. Au delà, la contemplation esthétique nous montre qu’une telle vision est une caricature de l’humain, et une négation de tout ce que l’humanité a construit de beau et de grand.

 

? Sensation : état psychique élémentaire consécutif à une impression faite sur l’un de nos organes sensoriels externe ou interne par un excitant.

 

? Behaviorisme : Méthode de psychologie expérimentale appliquée à l’étude scientifique de l’homme et de l’animal, qui se borne à l’étude du comportement (ensemble des réactions sensorielles, nerveuses, musculaires et glandulaires déterminées par un stimulus) comme réponse à un stimulus externe, à l’exclusion de toute référence à la conscience. (Watson). « Le behaviorisme pose que la psychologie, pour être une science incontestée, telle que la physique ou la physiologie, ne peut et ne doit avoir d’autre objet que le comportement (behaviour) de l’homme et de l’animal » (Tilquin)

 

 

 


PERCEPTION DES FORMES :

 

La gestaltpsychologie*

La théorie de la forme, ou gestaltpsychologie postule, à partir d’une critique du sensualisme naïf, qu’il existe un mode de perception intermédiaire entre la sensation pure et la saisie conceptuelle des objets dans l’espace. C’est la saisie des formes : l’espace perçu s’organise spontanément indépendamment des significations acquises par l’éducation. Ce niveau de structuration de l’espace n’apparaît pas de façon consciente au sujet : c’est une mise en forme spontanée, qui dépend à la fois de conditions objectives (proximité, régularité, contraste etc…)  et de conditions subjectives : il semble que notre sensibilité soit construite de manière à percevoir les objets dans l’espace selon certaines lois, que la gestaltpsychologie inventorie. Ces lois sont soit innées, soit acquises.

Prenons un exemple simple, en choisissant, pour bien mettre en valeur ces effets de structuration une collection d’objets aussi dépourvus de sens que l’on pourra :


De cet  amas de formes  ne se dégage aucune structure : les objets sont disposés de manière aléatoire

 

 

 

 

 

 

 


Mais ce n’est pas le cas pour la collection d’objets ci-dessus : une forme s’impose nous percevons nettement deux groupes triangulaires  de formes, séparés par un axe de symétrie en diagonale :

 

 

 

 

 

 

 

 


Nous voyons que les conditions objectives jouent un rôle, car si nous rapprochons les deux amas de taches, la perception  de la forme triangulaire n’est plus prégnante et une autre ségrégation s’impose :

 

 

 

 


A présent nous percevons de manière privilégiée deux lignes horizontales de trois taches, ou encore trois séries obliques de deux taches. On remarquera  toutefois que nous n’avons modifié que la distance entre les deux amas triangulaires, non la distance entre les taches : ceci implique que la saisie de la forme triangulaire était liée à une structuration de notre sensibilité, inscrite dans notre cerveau qui saisit la forme symétrique comme forme prégnante*

Ce genre d’études permet de dégager un certain nombre de lois, que l’on regroupe sous le nom de « loi de la bonne forme ou de la forme pregnante»  

 

La forme prégnante* :

Les objets qui se présentent à la vue (ou à l’ouïe) peuvent « donner lieur à des perceptions de formes différentes (ce qui est presque toujours le cas) ; l’une de ces perceptions est ordinairement privilégiée et s’établit de préférence à toute autre. C’est celle qui est la plus simple, la mieux équilibrée, la plus symétrique, la mieux centrée, celle dans laquelle la continuité des lignes est la mieux préservée. » (Michotte)

-         La loi de la bonne forme (Wertheimer, 1925)

o       Régularité/Simplicité

La forme perçue de manière prégnante est la plus simple, celle dont les composantes tendent à s’agréger spontanément pour former une ligne. La loi du tout commande les parties, et un point s’agrègera à une forme s’il paraît en être la meilleure continuation

o       Forme fermée

Nous percevons plus facilement des formes fermées (délimitées) que des formes ouvertes (sans contours)

o       Symétrie

Notre perception privilégie, dans un conflit de formes possibles, celles qui sont symétrique.

o       Verticalité/horizontalité

La verticalité est prégnante par rapport à l’horizontalité

o       Foncé/clair

Le foncé est prégnant sur le clair

Etc…

-         La ségrégation figure/fond

o       C’est la structure première de notre perception. Toute forme se donne à nous comme se détachant sur un fond. C’est aussi une des limites de notre imagination ; nous ne pouvons dépasser cette donnée : c’est toujours forme sur fond (cf. les tentatives de dépassement dans l’œuvre d’Escher : remplissage irrégulier d’une surface, pavage irrégulier)

-         La loi de transposition

o       Une forme est transposable, c’est à dire qu’on peut faire varier le contexte de perception d’une forme (par exemple son fond) sans que la forme elle-même en soit altérée.

 

Intérêt et limites de l’approche gestaltiste :

L’approche gestaltiste met en évidence la présence d’une étape intermédiaire, dans notre perception du monde, entre la sensation immédiate et la saisie du sens. Le réel s’organise spontanément dans notre perception en formes, en structures, indépendantes des significations surajoutées par la culture.

Certaines de ses formes sont innées (ségrégation figure fond, par exemple) d’autres correspondent à un apprentissage culturel (représentation en perspective du cube par exemple, qui nous donne l’illusion du relief)

Là où se révèle cette structuration de l’espace en formes distinctes, c’est précisément lorsque, dans un champ perceptif donné, plusieurs formes sont en conflit, aucune n’est prégnante. C’est le cas en particulier dans les « illusions d’optique » que l’on peut distinguer selon la classification suivante

-         le conflit des formes

o       illusions d’optique « vraies »

Elles ne relèvent pas de l’analyse gestaltiste, puisqu’elles sont liées à un phénomène purement optique : imprégnation et rémanence rétinienne, interférences lumineuses ou de lignes etc…

o       les interactions de formes

Les formes interéagissent les unes sur les autres. La saisie d’une forme isolée (par exemple deux droite parallèles) peut être altérée par un contexte ou un arrière fond (par exemple des lignes sécantes à ces parallèles qui donnera l’impression subjective de deux sécantes et non de deux parallèles)

o       formes ambiguës

Ici aucune forme n’est véritablement prégnante, ou plusieurs structurations d’un même champ sont possible (exemple le double visage de la jeune fille et de la sorcière) C’est ici que les effets de la saisie des formes se fait évidemment sentir, dans notre incapacité de saisir les deux formes en même temps ; l’une est exclusive de l’autre. (exemple de la représentation d’un cube dans l’espace où deux lectures sont toujours possibles : cube vu d’en haut ? (perspective plongeante) cube vu de face ? (perspective ascendante)

 

-         Le paradoxe comme mode d’expression, de pensée, de communication

On peut bien sûr, comme Escher, jouer avec la perception des formes. Ceci nous permet de créer virtuellement des univers paradoxaux, troublant en ce qu’ils empruntent à notre vision quotidienne du monde ses lois de structuration, et qu’en même temps il les met en contradiction les unes avec les autres. Les « constructions impossibles » relèvent de cette pratique du paradoxe, riche en enseignements. Le paradoxe introduit un doute dans notre perception usuelle des choses, et nous suggère que cette même vision habituelle est trompeuse. Elle ne vaut pas pour la réalité, elle n’en est qu’une représentation. En utilisant frauduleusement les lois de structurations de notre espace, on en met en évidence le caractère relatif. Le monde n’est pas aussi simple que notre regard ordinaire sur les chose voudrait nous le faire croire. (cf . sur ce point le cours sur la vérité, le passage consacré au paradoxe).

-         Saisie des formes et signification

o       Difficulté à isoler la forme du sens

Qui peut, par exemple, dans l’image ci-dessous, déterminer ce qui relève de la saisie de la forme pure ou du sens ?

La       forme du B, ou du chiffre 13, dépend bien sûr d’un phénomène de structuration. Mais la lecture « signifiante » du contexte nous en donne le sens. Nous verrons donc qu’il est rare que nous percevions une forme pure : nous percevons généralement du sens.

o       La saisie de la forme fait aussi partie d’un code symbolique propre à une culture donnée (mineur majeur, la perspective etc…)

Il y a par exemple des codes de couleurs propre à chaque culture (exemple, les significations symboliques du noir, du rose, du bleu dans notre civilisation), couleurs chaudes, couleurs froides. On en retrouverait un exemple également dans la saisie d’une forme musicale : l’appréciation différenciée du mode mineur ou majeur en musique occidentale qui renvoie soit à la mélancolie soit à la joie. Ici les effets de l’éducation dans la saisie subjective de la forme sont évidents. (on peut aussi citer le sens de lecture d’une image, qui pour un occidental se fait de gauche à droite, dans le sens de la lecture de l’écriture)

o       Le sens est aussi perçu de manière inconsciente : rêves sur les nuages

Sur cet exemple, nous sommes en présence d’une donnée amorphe. La forme des nuages est un phénomène aléatoire et mouvant, il n’y a pas de forme qui s’impose en tant que structure. C’est notre imagination, et derrière nos désirs, conscients ou inconscients, qui interprètent les formes, en fonction de nos fantasmes. Là l’origine de la saisie d’une forme plutôt que d’une autre renvoie à la structuration inconsciente du sens chez chaque individu.

A contrario, on se servira, dans les test de Roschart par exemple (test des tâches d’encre) de la lecture des formes pour déterminer chez un individu donné telle ou telle pathologie mentale.

 

 

? Gestaltpsychologie[6] (psychologie de la forme) ensemble de théories sur la perception qui tend à démontrer

o       que nous ne percevons pas des stimuli isolés par l’intermédiaire des sens, mais que ceux-ci s’organisent spontanément en formes ou structures, où la loi du tout détermine les parties.

o       que cette perception des formes est antérieure et indépendante de la perception du sens, de la signification de l’objet perçu.

? Prégnante : Dans le conflit des formes possibles, forme qui s’impose de manière dominante par rapport aux autres.


PERCEPTION ET CULTURE : La SIGNIFICATION 

Un monde peuplé de sens

Le monde est toujours pour nous pourvu de sens, et même de valeurs. Ainsi, de simples directions de l’espace, la gauche, la droite, le haut, le bas, sont investies de significations : on tombe bien bas, on s’élève dans la hiérarchie, on a sa vie devant soi, et un lourd passé derrière soi, on perd le nord, on est en dessous de tout etc…

Mais c’est surtout le langage qui pourvoit le monde de sens. Notre langue impose à l’univers perçu le crible d’un découpage sémantique. Nous l’avions vu sur l’exemple des couleurs (cf. cours sur le langage) : les divisions arbitraires et conventionnelles du spectre lumineux vont déterminer notre perception.

Enfin, le simple fait de se promener dans un environnement urbain nous fait prendre conscience de cette prégnance du sens : signalétique routière, messages publicitaires, panneaux d’informations etc… la ville se laisse lire comme un livre.

 

            Une symbolique de l’espace

Nous le disions plus haut, notre culture « moralise » l’espace. Au delà, nous pourrions voir que notre espace privé, la conception que nous avons de notre ville, ou de notre pays, se fait autour d’un ensemble de repères, qui, partant de la bulle individuelle organise l’espace : ce qui est le « centre » d’une ville dépend par exemple de l’appréciation subjective de chaque individu, en fonction de ses propres repères.

Mais aussi, l’espace peut avoir sens et valeur métaphysique : dans toutes les civilisations, des lignes de force se dégagent dans l’espace : le totem, au centre du village, est le lieu de la hiérophanie (manifestation du sacré) ; Jérusalem est une direction sacrée pour les chrétiens, La Mecque, pour les musulmans etc…. C’est bien connu que « tous les chemins mènent à Rome », centre du pouvoir temporel (empire romain) ou spirituel (chrétienté). Mais même dans une conception profane, l’espace est investi de significations symbolique : New York pour les uns, Moscou pour les autres ont longtemps été les directions du rêve, américain pour les uns, des lendemains qui chantent pour les autres. L’Eldorado exerçait la même fascination sur les colons espagnols des XVe et XVIe siècles.

 

            Une symbolique de l’objet

Analyse sémiologique de l’objet

Les objets de l’espace sont eux même, au-delà de leur utilité pratique, sont investi de significations symboliques variables selon les cultures. On ferait la différence entre « l’objet réel », celui qui est doté d’une fonction et d’une utilité pour moi (une voiture par exemple sert à se déplacer) et « l’objet rêvé » qui est perçu en fonction de sa valeur fantasmatique (la voiture en tant qu’instrument et symbole de pouvoir, de séduction, de richesse etc)

Symbolique inconsciente :

La psychanalyse a montré que notre éducation a chargé d’affects des images, des objets, qui, dans la vie inconsciente (les rêves en particulier) expriment nos désirs ou nos hantises. Collectif (ensemble des mythes et des symboles propres à une civilisation) ou individuel (ensemble des symboles propres à un individu, images ou objets chargés d’affects), l’inconscient détermine notre rapport aux choses. Si les psychanalystes repèrent par exemple que dans le rêve la symbolique de la « maison »  exprime généralement une référence au corps, le linguiste et l’anthropologue pourraient aussi nous montrer qu’il en va de même dans les représentations collectives et dans la langue : « un corps de bâtiment », la charpente osseuse » « être bâti à chaux et à sable » « être un demeuré », « déménager », « la cage thoracique » « la boîte crânienne », la « cavité abdominale » « être baraqué », avoir un « cœur de pierre » « être bien bâti » « onduler de la toiture » « avoir du monde au balcon » , « solide comme un roc » etc… Cette symbolique, privée ou collective, nous la portons en nous et notre regard sur les choses est déterminé par elle.

 

Approche phénoménologique : Husserl, Merleau Ponty, BERGSON

 

En fait cette approche des relations de l’homme à l’espace du point de vue des sciences humaines demande à être dépassé. Car lorsque nous sommes en relation au monde, c’est notre être tout entier qui s’engage. « Etre au monde » est la dimension fondamentale de notre condition d’hommes.

            La foi perceptive

Lorsque nous percevons des objets dans l’espace, nous ne les percevons pas de manière isolée du reste de notre expérience du monde. Nous anticipons toujours de ce que nous voyons vers ce que nous ne voyons pas encore ; cela n’est possible que parce que notre perception d’un objet particulier s’inscrit dans une foi plus générale, une croyance dans la continuité du monde. Cela signifie que je sais que l’objet nouveau qui va se présenter ne saurait être totalement différent des objets déjà vus, et qu’un même monde est le sol universel de ma croyance dans l’être. (Husserl). C’est d’ailleurs ce qui rapproche perception et hallucination. (Merleau Ponty) Dans un cas comme dans l’autre, nous adhérons à nos perceptions, ce qui n’est pas le cas dans l’imagination : là je sais bien que le monde fictif que je crée est une fiction de mon esprit ; quand je perçois une chose, mais aussi dans l’hallucination, il n’y a pas de distance entre moi et l’objet ; j’y adhère sur le mode de la croyance, non de la connaissance. Cette foi perceptive peut être déclinée selon deux concepts :

                        L’horizon externe

Chaque objet est pourvu d’un horizon externe : cet horizon c’est d’abord bien entendu celui sur lequel il se détache, le fond directement co-présent à ma perception. Même si je « focalise » mon attention sur l’objet, sa perception est accompagnée d’un contexte étendu à  mon champ perceptif. Le livre se détache sur la table, et au-delà de la table je perçois même confusément d’autres objets qui sont co-présents, ben que non perçus consciemment. Mais au-delà de ce champ perceptif, ce qui accompagne l’objet, c’est aussi l’ensemble de ce que je ne vois pas, mais dont je sais qu’il est là, co-présent à l’objet de ma perception : la salle où je me trouve, avec le mur qui est derrière moi que je ne puis percevoir, le lycée autour de mon bureau, la ville autour de ce lycée, et au-delà, tous les objets du monde qui sont des possibles perceptions. Ce qui unit toutes ces perceptions actuelles ou possibles c’est une communauté d’expérience : je sais que pour aussi étonnantes qu’elles seront, elles ne sauraient totalement me surprendre.

En fait, percevoir, c’est donc anticiper sur ce que je ne vois pas encore, comme le mélomane anticipe la résolution d’un accord à la fin d’une variation harmonique, comme j’anticipe sur les parties du paysage que je ne vois pas encore. Cette anticipation peut se tromper : elle ne se trompe jamais totalement. Même Alice[7] arrive quelque part quand elle tombe dans ce trou « sans » fin. En fait je vais rétablir la continuité du monde, il n’est pas ainsi que je l’anticipais, mais autrement, et cette rupture ne ruine pas pour autant ma foi dans la continuité de l’être.

Remarquons qu’il faudrait des circonstances exceptionnelles pour que cette croyance soit ébranlée : que mes repères habituels de l’espace soient détruits, ou provisoirement absents, comme quand on est pris dans une tempête de neige ou qu’on se retrouve sous l’eau : pendant un temps ni haut, ni bas, ni gauche, ni droite, mon corps devient l’unique repère sans qu’aucun autre possible ne vienne lui servir de référence. Notons aussi que le jeu de l’anticipation et de la rupture de l’anticipation sont à l’origine d’une partie du plaisir esthétique : regarder, ou écouter une œuvre d’art, c’est accepter de voir nos anticipations démenties par un accident, une cassure que le peintre ou le musicien a introduit dans son œuvre.

 

                        L’horizon interne

Tout objet a également un horizon interne : c’est sa capacité à être « expliqué[8] » sans fin. Toute expérience d’un objet quelconque peut-être reprise, je puis sans fin renouveler son expérience, le dérouler de nouveau pour moi ; jamais je ne le saisirai dans son « ipséité » dans ce qu’il est en lui même.

Il est vrai que, la plupart du temps, nous interrompons cette explication de l’objet : ça suffit, j’en sais assez pour ce que j’ai à en faire. Le cours ordinaire de la vie nous entraîne, et notre regard sur les choses se limite généralement à une généralité typique, le plus souvent à son utilité : c’est une chaise, la seule chose qui m’intéresse c’est qu’elle soit stable, solide, et confortable. Au-delà de son usage je ne regarde plus l’objet, peut être même que je ne le vois plus.

Seul l’enfant qui vit intensément son expérience du monde peut rester pendant des heures à explorer cet horizon interne de l’objet : son regard plonge sans fin dans la chose, comme dans un paysage. La contemplation esthétique participe aussi d’une telle plongée dans l’horizon interne de l’objet : je sais que je puis sans cesse renouveler cette expérience de faire exister l’objet d’art pour moi, et que j’y découvrirai sans cesse des qualités que je n’avais jusqu’alors pas perçues.

 

Etre au monde : du regard de l’utilisateur à celui du contemplateur (Bergson)

En quel sens peut-on dire que le regard de l’artiste sur le monde diffère du regard habituel sur les choses ? Bergson[9] y donne une réponse dans ce qu’il appelle « l’élargissement de la perception »

p.149-50

Il y a, en effet, depuis des siècles, des hommes dont la fonction est justement de voir et de nous faire voir ce que nous n’apercevons pas naturellement. Ce sont les artistes.

L’artiste montre au philosophe la voie de ce que devrait être une approche du réel :

            - Il est tout d’abord, pour ceux à qui s’adresse son œuvre, un révélateur, métaphore que Bergson emprunte à la photographie. On y retrouve un écho de ce que Hegel dit du grand homme, dans la philosophie de l’histoire : « Ils [les peuples] éprouvent la puissance de leur propre esprit intérieur qui vient à leur rencontre ».

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A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre cons­cience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous Si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représen­tées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invi­sibles : telle, l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur.

L’artiste ne crée pas, du moins à la manière de Dieu. Il est, tel Socrate, celui qui accouche les âmes de ce qu’elles ne savaient pas porter en elles.

 

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Un Corot, un Turner, pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas. (…)

Approfondissons ce  que  nous éprouvons devant un Turner ou un Corot : nous trouverons que, si nous les acceptons et les admirons, c’est que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu’ils nous montrent. Mais nous avions perçu sans apercevoir. C’était, pour nous, une vision brillante et évanouissante, perdue dans la foule de ces visions égale­ment brillantes, également évanouissantes, qui se recouvrent dans notre expérience  usuelle comme des  “dissolving views” et qui constituent, par leur interférence réciproque, la vision pâle et décolorée que nous avons habituellement des choses. Le peintre l’a isolée ; il l’a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d’apercevoir dans la réalité ce qu’il y a vu lui-même.

            - L’artiste peut  remplir ce rôle parce qu’il est « détaché de la réalité », ou encore comme le dit Bergson « moins adhérent à la vie ». L’opposition est ici entre contemplation et action. C’est une distinction importante, car elle se retrouvera dans la conception bergsonienne entre temporalité vécue et durée réelle. Il y a le réel que nous apercevons, comme le dirait Hegel «d’un point de vue utilitaire » et il y a le réel tel qu’il existe en lui-même, et que nous ne pouvons atteindre dans sa totalité, dans son ipséité.

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Mais, de loin en loin, par un accident heureux, des hommes surgissent dont les sens ou la conscience sont moins adhérents à la vie. La nature a oublié d’attacher leur faculté de percevoir à leur faculté d’agir. Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux. Ils ne perçoivent plus simplement en vue d’agir ; ils perçoivent pour percevoir, - pour rien, pour le plaisir. Par un certain côté d’eux-mêmes, soit par leur conscience soit par  un de leurs sens, ils naissent détachés ; et, selon que ce détachement est celui de tel ou tel sens, ou de la conscience, ils sont peintres ou sculpteurs, musiciens ou poètes. C’est donc bien une vision plus directe de la réalité que nous trouvons dans les différents arts ; et c’est parce que l’artiste songe moins à utiliser sa perception qu’il perçoit un plus grand nombre de choses.

 

-         L’artiste a donc une perception plus large et plus profonde du monde ; le philosophe pourrait avoir pour tâche d’opérer le même élargissement, mais en direction du temps. Car, là aussi, nos habitudes de pensée nous poussent à n’apercevoir dans le présent, ou à ne retenir du passé, que ce que nous avons intérêt à voir.

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Le cerveau paraît avoir été construit en vue de ce travail de sélection. On le montrerait sans peine pour les opérations de la mémoire. Notre passé, ainsi que nous le verrons dans notre prochaine conférence, se conserve nécessairement, automatiquement. Il survit tout entier. Mais notre intérêt pratique est de l’écarter, ou du moins de n’en accepter que ce qui peut éclairer et compléter plus ou moins utilement la situation présente. Le cerveau sert à effectuer ce choix  il actualise les souvenirs utiles, il maintient dans le sous-sol de la conscience ceux qui ne serviraient à rien. On en dirait autant de la perception.

 

On voit que la conception bergsonienne[10] de la mémoire est construite sur le modèle de la perception et de ce que l’on pourrait appeler, avec W. James[11] (référence favorite de Bergson) l’étroitesse du champ de conscience. Ainsi le regard de l’artiste sur le monde et celui de l’homme ordinaire se différencient par l’étendue de leur « horizon » (Husserl). L’horizon du commun des mortels est restreint à ses intérêts du jour. Celui de l’artiste est infiniment ouvert. (le déroulement infini de la vague…)

 

CONCLUSION

Voir n’est pas voir, pour l’homme.

Voire, c’est certes sentir et structurer, mais c’est aussi nommer, reconnaître, et, au-delà, contempler.

Ce qui est en jeu, lorsque nous percevons le monde, c’est notre condition d’hommes. Nous sommes les seuls êtres  pour qui le rapport au monde n’est pas entièrement constitué à notre naissance. Nous devons apprendre le monde, nous devons le faire exister pour nous, lui donner sens et valeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. Le Guen (avril 2004)



[1] Existant :

[2] Cf. en particulier le texte de René Huyghes : « L’art, le moi et l’univers »

[3] Henri Laborit (1914-1995) Neurophysiologue français

 

[4] Henri Laborit : in Mon oncle d'Amérique (1980) film d’Alain Resnais / scénario de Jean Gruault

[5] (cf. ci-dessous : Perception des formes, p. 7)

[6] de l’allemand Gestalt, la forme la silhouette et au-delà la struture. La psychologie de la forme apparaît en Allemagne dans la première moitié du XXème siècle. Ses représentants les plus remarquables sont Ehrenfels (1859-1932), Lewin (1890-1947), Köhler 1887-1967) et en France Paul Guillaume (1878-1962)

[7] Dans Alice au pays des merveilles, de Lewis Caroll

[8] expliqué au sens étymologique : déroulé, mis à plat

[9] Bergson : la pensée et le mouvant

[10] Sur la conception bergsonienne de la mémoire cf. PRTPT p. 3 et 4 Henri Bergson Matière et mémoire

[11] Cf. W. James, PRTPT p.2 txt. 2