BTS COMMMUNICATION DES ENTREPRISES

PSYCHOSOCIOLOGIE de la COMMUNICATION

 

INTRODUCTION

On nomme souvent les époques par leur trait technique le plus caractéristique : ainsi a-t-on pu parler de l’âge de la pierre taillée, celui de la pierre polie, l’âge du fer ou du bronze, le siècle de la machine à vapeur, ou l’ère atomique. Notre époque sera nommée l’ère de la communication, tant les progrès techniques en matière de télécommunication, de traitement de l’information, de mondialisation des réseaux ont bouleversé nos relations sociales, notre rapport à l’espace et au temps, et de manière générale, notre culture.

Or, devant un tel déversement de puissance médiatique, devant l’accélération vertigineuse de ses progrès, qui ne voit en même temps la dégradation progressive des relations humaines ? Quantitativement, ce progrès est incontestable, mais qualitativement, il n’est pas certain que la communication entre les hommes a beaucoup gagné dans cette débauche de moyens. Trop d’informations aurait-il tué l’échange, pour reprendre une formule à la mode ?

D’autre part, « communiquer » est un mot d’ordre surdéterminé : que de discours sur la nécessité de communiquer, sur les « médias », sur l’avenir prometteur offert par l’accélération et la facilitation de la circulation des données. Si bien qu’il paraît nécessaire, pour inaugurer ce cours sur la psychosociologie de la communication, de bien préciser ce dont il est question quand on parle de communication humaine.

Les lignes qui suivent ont pour but de montrer que le processus de communication, propre à l’homme, est un processus complexe qui se laisse difficilement réduire à un schéma.

 

1-     Informer et communiquer

a.      Le modèle animal - Description et analyse d’un code de signaux

Références :

Karl von Frish[1]

Benveniste [2]

 

            Sfiés.

 

 

Sfiants.

$

(Il existe de la nourriture)

d

(distance/à la ruche à laquelle il faut la chercher)

ä

(Direction dans laquelle elle se trouve)

o

(danse en cercle)

 

+

 

d<100m

 

Æ

8

 
8

(danse en 8)

 

+

 

100m<d<6km

d=1/f

(f=fréquence de la danse)

­

 

 

 

Le tableau ci-dessus s’inspire des travaux de K. Von Frisch.

Nous pouvons appliquer à la communication chez les abeilles les la même grille d’analyse que pour le langage humain, soit ici la distinction signifiant*/signifié*.

On remarque que ce processus révèle :

-         Capacité à analyser l’information

-         Capacité à symboliser l’information par un comportement somatique

-         Capacité à mémoriser l’information symbolisée

-         Capacité à reproduire le symbole

-         Capacité de transmettre l’information à un groupe donné.

Nous serions donc, en apparence, en présence d’un processus de communication comparable à ceux qui sont mis en œuvre dans la communication humaine.

En fait il s’agit au mieux d’un processus de transmission de l’information. Il lui manque, pour constituer un processus de communication :

-         Liberté de l’émetteur

-         Liberté  récepteur

-         Une interprétation du message et non une simple réponse

-         Que la liste des énoncés ne soit pas déterminée à l’avance

-         Que ces énoncés soient analysables

-         L’utilisation d’une médiation* sur le modèle d’un système de signes*, et non d’un simple code de signaux*.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


? Signal : Manifestation quelconque, artificielle ou naturelle qui provoque chez l’être qui la perçoit un comportement prédéterminé, inné (instinct) ou acquis (dressage, habitude) ; le signal ne requiert aucune compréhension, il appelle une action.

 

Nous sommes en présence non d’un processus de communication, mais d’un simple couple stimuli-réponses : dans l’exemple des abeilles, les fleurs agissent comme un premier signal, qui provoque le comportement spécifique de la danse ; celui-ci agit à son tour comme un stimulus provoquant une réponse spécifique : le départ des abeilles.

 


b.     modèle cybernétique et communication humaine

Robert Escarpit

 

Le modèle cybernétique* ne diffère du modèle animal que sur le plan quantitatif : l’ordinateur est capable de mémoriser une quantité quasiment illimitée (du fait de sa connexion possible en réseau) d’informations ; la rapidité du traitement de ces informations, la complexité des opérations réalisées par les programmes lui confèrent une compétence* infiniment plus développée que celle des animaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

Machine 1                                                                                                  Machine 2

 

L’ordinateur ne peut que reproduire les énoncés préalablement saisis par l’un de ses périphériques. Il ne peut de lui même élaborer des énoncés nouveaux. Tout au plus peut il les traiter, les transformer, mais toujours suivant des programmes (logiciels) préalablement installés : l’ordinateur de pense pas plus que le perroquet.

 

? Compétence : la compétence linguistique c’est la possession du code (code de signaux, système de signes, symbolique diverse)

? Performance : La performance c’est la capacité à créer des énoncés nouveaux, non déductibles du code, en combinant différemment les éléments du code.  C’est la fonction créatrice de la langue et celle qui requiert la pensée.

? Cybernétique : Science constituée par l’ensemble des théories relatives aux échanges et aux régulations dans l’être vivant et la machine. La cybernétique décrit les systèmes de codage des informations, et l’architecture des systèmes automatiques permettant de les traiter. Le rêve du cybernéticien serait de traduire tous les énoncés du langage ordinaire (humain) en langage-machine

 


c.      transmettre des informations # communiquer

 

Ainsi, les animaux et les machines peuvent transmettre des informations  et y répondre par des actions déterminées, mais seuls les être humains communiquent : leurs comportements, leurs idées, leurs échanges ne peuvent être réduits à de simples mécanismes réflexes. Il y a une liberté du locuteur comme du récepteur, parler ou de manière plus générale, communiquer est un acte de création, non une réaction passive à une stimulation externe.

Descartes[3] le remarquait déjà :

Il n’y a aucune de nos actons extérieures, qui puissent assurer ceux qui les examinent, que le corps n’est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu’il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, excepté les paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion.

C’est la parole par sa spontanéité et  son caractère novateur qui nous fait sortir d’une conception mécaniste de l’homme. Sans sollicitation d’aucune sorte (par exemple ce que Descartes appelle ici passion) la parole atteste de la présence en nous d’un principe dynamique, la pensée.

 Je dis les paroles, ou autres signes parce que les muets se servent de signes en même façon que nous de la voix ; et que ces signes soient à propos pour exclure le parler des perroquets, sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d’être à propos des sujets qui se présentent, bien qu’il ne suive pas la raison ;

Descartes inclut dans le langage non seulement les paroles, mais aussi le langage des signes et le délire des fous ; ce qui les distingue du parler des perroquets c’est leur caractéristique d’être « à propos » c’est à dire adaptés à la situation du locuteur.

Et j’ajoute que ces paroles ou signes se doivent rapporter à aucune passion, pour exclure non seulement les cris de joie ou de tristesse, pour exclure aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice aux animaux ; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, lorsqu’elle la voit arriver, ce ne peut être qu’en faisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu’une de ses passions ; à savoir ce sera un mouvement de l’espérance qu’elle a de manger, si l’on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise, lorsqu’elle l’a dit ; et ainsi toutes les choses qu’on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes ne  sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu’il les peuvent faire sans aucune pensée.

On remarquera que Descartes prend le soin de distinguer entre les signes de la parole et ceux qui ne sont que le résultat de nos passions (=de nos émotions, sensations, sentiments) Ces cris sont comparables à ceux qui sont acquis par le dressage ; c’est pourquoi nous les comprendrons sous le concept de signal entendant par là une manifestation destinée à provoquer un comportement chez autrui, et non une compréhension. Le modèle mécaniste s’applique donc parfaitement à l’animal ; ils ne se manifestent que dans l’exacte mesure des comportements pour lesquels ils auront été dressés.

Or il est, ce me semble, fort remarquable que la parole, étant ainsi définie, ne convient qu’à l’homme seul. Car, bien que Montaigne et Charron aient dit qu’il y a plus de différence d’homme à homme que d’homme à bête, il ne s’est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu’elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d’autres animaux quelque chose qui n’eût point de rapport à ses passions et il n’y a point d’homme si imparfait, qu’il n’en use ;

Sur la base de cette définition, on peut situer dans l’usage de la parole la frontière entre l’homme et l’animal. Tous les hommes parlent ; aucun animal ne dépasse la simple manifestation de ses besoins, ce que Rousseau appellera plus tard « le cri de la nature[4] »

En sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées. Ce qui me semble un fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu’elles n’ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent. Et on ne peut dire qu’elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas ; car comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées s’ils en avaient.

 

La parole n’est donc pas une question d’organes, mais une question de pensée. Les hommes sont les seuls à parler, parce qu’ils sont les seuls à penser (de manière consciente). Le langage n’est ni une question d’organes, ni une question de possession d’un quelconque code ; seule la pensée peut mettre en œuvre les mots dans une création infiniment ouverte.

 

? Quantitatif : ce qui est mesurable, ce qui peut être dénombré. Dans la théorie de l’information, on se contentera de mesurer des flux, en termes par exemple de « mégaoctets » sans préjuger de la valeur propre des informations transmises.

? Qualitatif : jugement sur la valeur d’un contenu, sur le sens ou l’émotion qu’il véhicule.

Ce couple quantitatif/qualitatif rend compte d’un paradoxe de la communication dans notre société : jamais les informations n’ont été quantitativement aussi riches, et les relations qualitativement aussi pauvres.

 

 

Informer n’et pas communiquer, c’est tout au plus un des aspects de la communication. La communication humaine ne peut se réduire au simple modèle animal (couple stimuli/réponses) ni au modèle cybernétique (« langage » machine).

 

 


2-     Communication humaine

a.      Relation première : la mère et l’enfant

Référence :

Mélanie Klein

 

Pour Mélanie Klein[5] la toute première relation de la mère à l'enfant est caractérisée par son immédiateté*. Cela signifie que les désirs ou pulsions du nourrisson sont  d’une part satisfaits sans retard, et surtout, sans médiation*. De là une expérience que jamais la vie ne nous offrira par la suite : celle d’être compris sans avoir besoin de recourir à la parole (médiation* du langage).

 

En ce sens, le sentiment de solitude est une nostalgie, un rappel douloureux du passé. Nous regrettons d’avoir souffert d’une perte irréparable : la certitude d’être totalement et immédiatement* satisfait.

 

La première relation mère/enfant agirait comme un modèle sur lequel viendraient ensuite se structurer les relations du futur adulte. De même que ces relations sont originellement clivées entre « la bonne » et la « mauvaise mère » (celle qui est à l’origine soit du plaisir, soit de la souffrance), les relations de l’adulte portent la trace de ce déchirement : l’amour et la haine sont ambivalent, les êtres que nous aimons le plus sont aussi ceux dont nous exigeons le plus, et la jalousie est le pendant naturel de l’amour.

 

Mais cette relation primitive de la mère à l’enfant ne peut durer toujours : elle est aliénante pour l’un comme pour l’autre, et, tout comme pour le sevrage du sein maternel, l’enfant doit être sevré de cette relation archaïque : il en va de son développement futur et de l’autonomie de son psychisme.

 

Seul subsistera, dans l’imaginaire de l’adulte, le rêve d’une relation immédiate* à l’autre, rêve dont témoigne la littérature (apologie d’une communication par le regard) ou des productions mythiques telles que la télépathie ou encore cette souffrance que nous éprouvons tous : le sentiment de solitude.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Mais nous devons retenir que les relations humaines, pour être véritablement humaines, supposent la médiation*, c’est à dire de passer par une monnaie d’échange, un langage commun. La langue n’appartient à aucun des locuteurs, elle précède l’échange, elle marque leur commune appartenance à une même communauté humaine et peut-être, pour cette raison, le lieu privilégié de la reconnaissance de soi-même et de l’autre. C’est lorsque nous parlons à des êtres humains qui nous répondent que nous sommes reconnus dans notre humanité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


? Immédiateté : caractère d’une relation qui ne nécessite aucune médiation, où l’information est directement reçue par le récepteur. Le terme a pris un sens temporel restreint (tout de suite) mais peut aussi bien être compris dans un sens spatial.

 

b.     La notion de médiation – les différentes médiations

Référence :

Aristote 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que met-on sous la notion de médiation ? Qu’est-ce qui permet à une réalité quelconque de jouer ce rôle ? La médiation relève de la fonction symbolique en général. En tant que telle elle repose donc sur 

-         une convention entre les intervenants de la communication

-         une communauté d’intérêt entre eux

-         elle est acquise par un apprentissage social

Le langage parlé, écrit, ou signé est le modèle par excellence des médiations, car il remplit au plus haut degré ces conditions, en tant que système* de signes*. Mais à ses côtés, ou en concurrence avec lui, nous devons aussi considérer d’autres codes symboliques, tels que les codes non verbaux, les langages-objets, les divers systèmes symboliques.

 

? Médiation : (du latin mediare, être au milieu, s’interposer) à prendre dans un sens synonyme de médium, d’intermédiaire. Les relations humaines sont médiates, dans le sens où elles supposent de passer par un terrain d’entente, ou médiation, pour pouvoir s’établir avec un minimum d’équité entre les personnes qui communiquent entre elles. Mais la médiation n’est pas simplement le moyen d’une transaction entre les hommes : ce moyen influe lui-même sur le contenu de ce qui est échangé, ce qui conduira Mc Luhan à dire « le message, c’est le médium » (cf. infra : l’interaction*)

 

c.      Médiation* : le langage comme archétype* ; système* de signes

Référence :

Lévi-Strauss

de Saussure

Pourquoi placer le langage au centre de la question de la médiation ? C’est parce qu’il est le plus achevé des codes symboliques, c’est un système* de signes*.

La notion de système renvoie tout d’abord à celle de combinatoire, ou mieux d’articulation d’éléments premiers. C’est ce statut de structure combinatoire qui permet au langage d’élaborer une infinité d’énoncés à partir d’un nombre restreint de phonèmes et de mots.

Le signe linguistique se distingue du symbole en tant qu’il n’est pas lié à la réalité qu’il représente par un quelconque lien. Ceci permet au signe d’être la médiation privilégiée pour énoncer des idées générales comme dans l’exemple ci dessous :

 

SYMBOLE

SIGNE

Le symbole représente une variété particulière d’arbre. Son signifié* n’est donc pas libre par rapport à son signifiant*

 

 

ARBRE

 

 

Le signe peut désigner n’importe quelle variété d’arbre : il représente l’idée, ou le concept d’arbre

 

? Signe : Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représentée est arbitraire et conventionnelle. En d’autres termes, dans le cas du signe, par opposition au symbole, le lien du signifiant* au signifié* est arbitraire et conventionnel ; attention ; ne pas confondre signe et geste.

? symbole : Représentation d’une réalité quelconque, chose ou idée où le lien entre la représentation et l’entité représenté n’est pas totalement arbitraire. Il reste entre les deux une ressemblance naturelle (ex . : la balance pour l’idée de justice). En  d’autres termes, dans le cas du symbole, par opposition au signe, le lien entre le signifiant* et le signifié* n’est pas arbitraire.

? signifiant : Dans le signe ou le symbole linguistique, le support de la signification : un son, un graphisme, une image etc...

Le lien entre signifiant et signifié est indissoluble, comme le recto et le verso d’une feuille de papier. Ce lien peut être arbitraire (signe) ou motivé (symbole) il est toujours conventionnel.

? signifié : Le sens véhiculé d’un signe* ou d’un symbole*. Il n’y a pas de signifié pur : celui ci passe toujours par un support, ou signifiant, qui sert de monnaie d’échange entre les hommes. Le découpage des différents signifiés est propre à une langue donnée, et les catégories de sens ne se recouvrent pas.

? arbitraire : qui dépend d’un choix ; en linguistique signifie que le lien entre le signifiant et le signifié est immotivé, c’est à dire qu’il ne reste aucun lien de ressemblance naturelle entre eux ; ce choix pourrait être autre, comme en attestent les diverses langues ; il reste que le lien est arbitraire et conventionnel : il ne dépend pas du libre choix des individus.

? Double articulation du langage : en linguistique structurale (= saussurienne) désigne la capacité pour le langage d’être analysé à un double niveau : celui de la sémantique (ensemble combinatoire  de monème)  et celui de la phonétique (ensemble combinatoire de phonèmes)

? système combinatoire : le langage est un système, c’est à dire un ensemble structuré d’éléments premiers qui se combinent à plusieurs niveaux (phonétique, morphologique, syntaxique) pour élaborer des énoncés, selon certaines règles combinatoires et restrictives. Ceci permet à la langue d’élaborer une infinité d’énoncés à partir d’un nombre restreint d’éléments premiers (35 phonèmes en français par exemple). On peut résumer  ce système combinatoire par le tableau ci-dessous :

Articulation syntaxique

Phrases

 

Propositions

 

Articulation morphologique

Mots :

Noms, verbes, adverbes, adjectifs[6]

Eléments de la langue :

Morphèmes et léxèmes[7]

Articulation phonétique

Phonèmes[8]

 

Traits articulatoires[9]

 

 

? Archétype : modèle générateur d’autres entités. Par exemple, Lévi-Strauss voit dans le langage le modèle de toute production culturelle et symbolique, qui peuvent être analysées comme telles.

 

3-     Médiation plurivoque

Référence : Saussure (2)

On se bornera ici d’un inventaire rapide des différentes manières de dire :

a.      Manières de dire, la rhétorique

On limite abusivement la langue à n’être qu’un dictionnaire ou une grammaire. C’est faire de la langue une entité purement théorique, à la manière d’une langue morte. La parole c’est au contraire l’usage vivant  de la langue, la langue en acte. Or, cette parole, si elle se conforme aux usages sémantiques et aux règles syntaxique, n’en demeure pas moins libre par rapport à eux. Il faut alors adjoindre à la grammaire et au dictionnaire une troisième composante de la langue : la rhétorique.

La rhétorique au sens large comprend :

o       Les figures de style : Les figures de style de la rhétorique classique (métaphore, synecdoque, métonymie, antiphrase, euphémisme, litote, etc…) mais aussi l’utilisation de paradoxes ou de néologismes etc.

o       L’expressivité de la voix : élocution, débit, dynamique vocale.

o       Les codes non verbaux, La mimétique : Expressivité dite naturelle du visage, regard, gestuelle, attitudes corporelles etc

b.     Les niveaux de langue

o       Particularismes régionaux, accents, argots,

o       Surveillé, familier, vulgaire, techniques, affectif, etc…

o       Codes langagiers particuliers à certains groupes (jeunes, corporations etc…)

c.      Les codes symboliques

o       Symboles patriotiques, allégories, emblèmes, enseignes, héraldique etc…

o       Codes symboliques culturels : exemples : modes mineur ou majeur dans la musique occidentale, codification des couleurs, langage plastique ou pictural

o       Vêtements, maquillage, coupe de cheveux, mutilations sacrificielles, tatouages etc…

o       Symbolique des objets, particulier à une culture ou à une époque, une classe sociale, un groupement idéologique ou religieux,

Ces divers codes relèvent non de la linguistique, mais d’une science plus large, la sémiologie. On peut s’interroger sur la parenté entre ces divers codes symboliques et le langage. Ne parle-t-on pas parfois à leur propos de « expressivité naturelle » ? Il faut se méfier d’un tel point de vue. Nous sommes bien en présence de codes : un enfant apprend à sourire sur le visage de sa mère, la gestuelle est conventionnelle et arbitraire : pourquoi se serrer la main ? pourquoi pas le nez ?

 

 

? sémiologie ou sémiotique : science générale des système de signes ou de symboles (langue, images, objets, sons mélodiques, gestes)   dont la linguistique forme l’élément central.

 

4-     Interaction

a.      Interaction : le double axe du langage ; le langage comme système de différences

Certes, nous avons posé comme définition initiale que le langage était un « système de signes » ; nous avons insisté sur le caractère arbitraire* et conventionnel du lien entre signifiant* et signifié* ; le mot ne prend son sens que dans une convention au sein d’une communauté linguistique.

Mais nous pouvons aussi montrer que ces différenciations de son et de sens prennent leur place au sein d’une relation dynamique entre les signifiants d’une part (différences de son) et entre les signifiés (différences de sens)

Ceci conduisait Ferdinand de Saussure à dire :

« Dans la langue, il n’y a que des différences »

Ce qui signifie que le langage est ce  double jeu de différences où les sons se délimitent mutuellement par des oppositions pertinentes au sein d’une langue[10], où les sens se délimitent mutuellement par leurs oppositions.

Nous pouvons, par exemple, montrer comment un mot fait sens. Comment son signifié se constitue dans un double jeu d’opposition, selon les deux axes du lexique et du discours :

 

Axe paradigmatique

     (du lexique)

                                                    ……………   

                                                    L’instruction  

                                                    La formation 

                                                    L’éducation

 

                                                    L’enseignement des langues étrangères

                                                   

L’apprentissage

                                                    Le dressage

                                                    ………………...

                                                   

 

                                                                                                               Axe syntagmatique

                                                                                                                      (du discours)

 

Le mot enseignement prend son sens des oppositions qui  délimitent son champ sémantique, à l’intérieur d’une liste (paradigme) de mots dont les sens sont voisins, mais différents. L’enseignement n’est ni l’apprentissage, ni l’éducation, ni l’instruction, bien qu’il entretienne avec ces concepts des relations de voisinage.

Mais aussi ce même mot reçoit son sens « en situation », c’est à dire dans le discours (syntagme) dans les oppositions ou les complémentarités qu’il reçoit du contexte.[11] Parfois même, dans les cas d’homonymie, seul le contexte peut faire sens (« je suis un âne » qui peut dire si je suis bête, ou si je prends un âne en filature ?)

On conçoit alors l’extrême complexité d’un tel processus. Il requiert une intelligence capable de dépasser la simple association séquentielle, capable de combiner des éléments entre eux, capable de d’opérer simultanément sur plusieurs registres de différences.

 

b.     Interaction dans la saisie des symboles et des formes

 

 

Dans les deux cas nous percevons la même forme ; c’est le contexte graphique qui décide  si nous comprenons « B » ou « 13 »

 

c.      Interaction réciproque de la médiation et du message

Référence :

H. A. Gleason

A. Martinet

L’émetteur utilise un médiateur donné pour transmettre son message. Mais cette médiation est loin d’avoir un simple rôle instrumental de transmission des informations. On peut dire pour reprendre la citation de Mc Luhan que nous citions plus haut : « le message, c’est le médium ».En d’autre terme il y a interaction réciproque du message et du médium utilisé. Voyons en des exemples.

« Nous pensons un univers que notre langue a d’abord modelé » (Emile Benveniste)

Il nous faut d’abord renoncer à une illusion : celle d’une langue répertoire des choses, dont la fonction serait de mettre des étiquettes sur les choses. Les catégories du langage ne sont pas des catégories naturelles, ou si elle le sont, c’est par exception.

On le constate même dans la représentation des entités naturelles. Par exemple, le champ sémantique du mot anglais river est plus large que celui de sa traduction française rivière, puisque le français distingue entre la rivière et le fleuve. Inversement, les mots français « bœuf », « mouton », « porc » ont un champ sémantique plus large que les mots anglais beef, muton, pork qui ne désignent que la viande de l’animal mort par opposition à ox, sheep, pig, qui désignent l’animal sur pieds.

Il semble à un français, et à la plupart des européens, que le spectre de couleurs obtenu par décomposition de la lumière blanche comporte 6 classes. (rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet. Mais déjà la langue bretonne dispose d’une catégorie d’un niveau de généralité supérieur glaz qui s’applique à la bande chromatique du bleu et du vert. La division du spectre lumineux est donc arbitraire. D’ailleurs nous le constaterions  lorsqu’il s’agit d’attribuer à l’une ou à l’autre des bandes lumineuses a telle ou telle couleur.[12]

 

Si cette hypothèse, parler dans une langue, c’est penser dans cette langue est avérée, la langue, le lexique, la grammaire, véhiculent un contenu implicite qui détermine notre pensée à notre insu. Le lexique peut être, par exemple, un excellent révélateur de la mentalité propre à un peuple donné ; comme dans l’exemple ci-dessous, qui oppose les traductions française et anglaise de l’homme et de la femme et de leurs liens sociaux.

 

 

 

HOMME

FEMME

 

 

Adulte

Enfant

Adulte

Enfant

ANGLAIS

Sexe

Man

Boy

Woman

Girl

Lien social

Husband

Girl

Wife

Daughter

FRANÇAIS

Sexe

Homme

Garçon

Femme

Fille

Lien social

Mari

Fils

Femme

Fille

 

On remarque qu’en français la femme se désigne en tant qu’être humain par les mêmes mots (femme, fille) qui la désignent dans son rapport à l’homme (être la femme ou la fille de quelqu’un, porter son nom). La maternité ne l’affranchirait pas non plus du lien social, puisqu’elle serait alors une fille-mère[13], ou pour le cas où elle vivrait sans enfant (et sans homme) elle serait une vieille fille[14], deux concepts marqués du sceau de l’infamie dans notre langue.

Il n’est pas indifférent non plus de noter que, jusqu’au XVIe siècle, l’égalité régnait dans la langue ; « garçon » est le diminutif de « gars », terme qui existe encore dans la langue ; son féminin, « garcette » était le diminutif de « garce »… on osera une interprétation  de l’évolution sémantique de ce dernier terme… Une femme qui refuserait  d’être la fille ou la femme d’un homme (de son mari ou de son père) ne saurait être qu’une garce[15].

On pourrait enfin citer le découpage sémantique du verbe aimer, qui revêt selon les langues des contours bien différents. L’espagnol distingue entre l’amour passion (querer) l’amour des choses (gustar), l’amour sentiment (amar) ; l’anglais et l’allemand distinguent entre l’amour des choses (I like, Ich habe gern) et l’amour des gens (I love, Ich liebe) ; quand au français il dispose du verbe aimer, et ce sont les variations rhétoriques (les manières de dire) qui assurent les nuances… sauf peut-être « aimer bien » qui sert à la fois à désigner l’amour des choses et le non amour des gens. (je t’aime bien = je ne t’aime pas d’amour)

Il va sans dire que cette diversité d’analyse de ce qui fait l’objet des communications linguistiques pose le problème de la liberté de pensée : suis-je libre de penser ce que je veux, si je dois pour penser passer par une structure qui m’impose implicitement sens et valeur  ?

Mais ai-je le choix ? Refuser les significations préétablies dans ma langue maternelle n’est-ce pas, d’une certaine manière me nier moi-même ?

 

On trouvera ci-dessus la comparaison entre la manière dont la langue anglaise et la langue amérindienne nootka formalisent le même événement. La phrase anglaise, (et française) est divisible en sujet et prédicat, la phrase nootka ne l’est pas, et pourtant elle est logique et complète. D’autre part, elle ne comporte qu’un mot, basé sur la racine tl’imsh suivi de cinq suffixes

(d’après B. Lee Whorf, Linguistique et Anthropologie, Denoël-Gonthier, 1969, pp 176

 

5-     Contexte pratique

On ne peut réduire abstraitement le processus de communication à une simple relation entre un émetteur et un récepteur : ils sont tous les deux des personnes qui communiquent en situation, dans un contexte déterminé. Ce contexte influe sur le type de médiation utilisé.

a.      Communication interpersonnelle :

Il semble évident que le langage utilisé dans une relation de ce type ne peut être le même que celui qui est employé dans une communication publique : tant dans le ton de la voix, que dans son débit, dans le regard etc… la situation privé requiert une médiation propre. Inversement, le contexte privé impose culturellement ses propres contraintes : définition d’un espace privé, d’une « bulle individuelle » pour les deux locuteurs, espace codifié et normé en fonction même du type particulier de relation : affective, de travail, etc…

b.     Communication publique :

Intervenir en public va aussi imposer une médiation particulière, qui s’apprend : selon la taille de l’auditoire, la voix doit porter, l’articulation doit être plus soutenue, le vocabulaire adapté à l’auditoire et au message délivré etc… Le cadre de l’intervention public définit aussi des espaces de parole, qui seront plus ou moins adaptés à la transmission de tel message particulier. Il y a donc une « gestion de l’espace » à mettre en place, une ergonomie également des moyens techniques utilisés, supports, matériel de projection, micro etc…

c.      Communication médiatique

On peut regrouper sous cette étiquette l’ensemble des nouvelles communications, celles qui sont apparues tout au long du XXe siècle : radio, télévision, internet, et les divers type de communication multimédia. On peut se rendre compte facilement que ces moyens techniques on généré de nouvelles médiations ; par exemple, les présentateurs des débuts de la radio ou de la télévision s’exprimaient sur un ton sentencieux, caricature du ton sérieux des universitaires. On peut « dater » un reportage par l’élocution et la manière d’être particulière du journaliste. Au delà, l’irruption du l’audiovisuel (certains diraient l’odieux visuel !) a défini de nouveaux codes, de nouvelles conventions médiatiques.

6-     Contexte sociologique de la communication

Mais le contexte n’est pas seulement « pratique » : toute communication prend place dans un contexte social ou économique, qui va lui aussi influer à la fois sur le message, et sur le type de médiation utilisé. En effet, les partenaires de la communication ne peuvent ici non plus être définis « abstraitement » : ils occupent une place dans la hiérarchie sociale, sont dans des rôles respectifs au sein d’une négociation, qui, elle même, ne peut être définie « in abstracto » : ce n’est pas le même discours qui est utilisé pour conclure une vente, résoudre un conflit social, ou animer une réunion de citoyens dans une enquête d’utilité publique.

 

a.      Hiérarchie

Les individus qui communiquent ne sont pas réciproquement dans une même position sociale : humainement (par exemple relations parents-enfant) institutionnellement (enseignant/élève), économiquement (structure hiérarchique d’une entreprise, relations vendeur/client) la structure sociale va à la fois déterminer le type de médiation et le contenu du message. Le contexte matériel de la communication atteste de cette influence de la structure hiérarchique sur le processus de communication . On peut prendre pour exemple une salle de classe dont l’organisation spatiale (chaire du professeur, tables des élèves, position du tableau) induit une relation « descendante », à moins que ce ne soit l’inverse : une certaine conception de la pédagogie a induit ce type d’organisation de l’espace.

 

b.     Rapports de force

Mais dans la position respective des intervenants de la communication, ce n’est pas la seule structure hiérarchique institutionnelle qui joue : le rapport de force existant entre les individus détermine aussi le processus. Dans l’exemple cité, outre le rapport hiérarchique prof / élève, se joue aussi un rapport de force entre l’autorité d’un individu (le prof) et la force passive ou active que représente le groupe-classe. De même, un cadre GRH a certes le poids de la structure hiérarchique de l’entreprise derrière lui, mais doit tenir compte du rapport de force que représente la masse des salariés. On ne peut donc ici traiter abstraitement de la communication, comme d’un terrain neutre, à la manière dont on examine des réaction chimiques en laboratoire. En matière de relations sociales, il est difficile de raisonner « in vitro ».

c.      Finalité de la communication 

Enfin, la finalité visée par la communication va également induire un type de médiation particulier. Prenons l’exemple de la promotion d’un produit : je dois tenir compte de la spécificité du produit, de la clientèle ciblée, du type de vente pratiqué. Par exemple, le média utilisé, la symbolique particulière pour laquelle j’opterai devra user de signifiants déterminés, ciblés en vue d’un prospect particulier.

 

 


7-     Qui parle ? qui entend ? le locuteur et le récepteur : contexte humain de la communication

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ni le locuteur, ni le récepteur ne sont des personnes « abstraites », ce sont des personnes humaines vivantes et pensantes, ayant chacune d’entre elle leur personnalité propre. En fait, un être humain, ou un groupe d’êtres humains, est défini par une constellation, dont nous proposons ci-dessus un inventaire non exhaustif.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Conclusion de cette introduction

 

-         Schéma global de la communication : une simplification réductrice

Nous étions partis page 7 d’un schéma simplifié de la communication humaine. Mais nous voyons bien que le développement de ce premier schéma n’est guère plus satisfaisant. Nous ne pouvons intégrer dans un schéma global la totalité des paramètres humains, symboliques, matériels, de la communication. Le processus semblait simple : en réalité communiquer est une opération complexe dont la description ne peut être opérée, sauf simplification abusive, de manière générale.

 

-         La communication humaine est un processus dynamique

Le principal obstacle n’est pas tant la diversité des situations rencontrées dans la communication, mais bien plutôt le caractère dynamique* de la communication. Les situations sont mouvantes, les hommes divers et changeant, les messages à échanger induisent leurs propres déterminations, les langages eux mêmes sont mouvants : ils ont une histoire. Il suffit de comparer la manière dont les entreprises communiquaient dans les années 50 (film publicitaires, réclames etc.) et la manière dont elles communiquent aujourd’hui pour s’en convaincre. Ceci rend notre sujet d’autant plus passionnant et doit induire une règle : se méfier des simplifications et des généralisations abusives.

 

-         Le projet de ce cours sur deux ans

Nous nous proposons d’investir successivement les différents plans de cette communication humaine, le plan sémiologique (médiation) le plan psychologique (être humains en relation) et le plan sociologique (la communication en situation)

 

? Dynamique : « en mouvement » se dit d’un processus qui ne peut être décrit comme un « système en repos » mais comme un processus mettant en jeu des forces vivantes, ou des individus pensant et désirants, eux-même pris dans un contexte plus large qui ne peut être décrit de manière topologique, mais comme un réseau en mouvement, une circulation mouvante de flux informatifs.

 

M. Le Guen 27/09/2002



[1] K. von Frisch, (1886-1982), Zoologue et éthologue allemand, prix Nobel de médecine 1973.

[2] Emile Benvenirste (1902-1976) Linguiste français

[3] Descartes Lettre au marquis de Newcastel, 23 novembre 1646

[4] cf infra p.

[5] Mélanie Klein : psychanalyste autrichienne  (1882-1960) spécialiste de la psychanalyse des enfants

[6]Les éléments de la langue sont ordonnés selon des modèles morphologiques propres à une langue donnée. Exemple : le modèle du nom en français :

 

Elément  de liaison

Elément de détermination

Lexème

Nom complet

Sur

La

terre

 

Noms incomplets

Æ

La

terre

Sur

Æ

terre

Æ

Æ

Terre

 

[7] Les éléments de la langue, ou sèmes, se répartissent en lexèmes (ce que l’on appelle « mots » en grammaire normative) qui ont un sens dans le lexique, et morphèmes qui sont les éléments permettant de déterminer les lexèmes. (articles, mots de liaison, prépositions etc…)

[8] Les phonèmes sont les plus petites unités articulatoires de la langue. En français il existe 35 phonèmes répartis en 16 voyelles et 19 consonnes.

[9] Les traits articulatoires sont les dispositions physiques de l’appareil phonatoire (poumons, larynx, cavités buccale et  nasale) permettant la production des sons de la langue.

[10] Cf Lepschy La linguistique structurale, pp. 29-30 Ed. Payot, 1968 : Le critère de PERTINENCE vaut évidemment, à l’intérieur des langues  particulières.  (…) le p français et le p anglais sont définis, entre autres, comme des consonnes sourdes parce que dans les deux langues ils s’opposent aux consonnes sonores que représentent les phonèmes b. (…) français pas et bas sont des mots différents, de la même façon que anglais pin et bin.

[11] F. de Saussure : Dans l’intérieur d’une même langue, tous les mots qui expriment des idées voisines se limitent réciproquement : des synonymes comme redouter, craindre, avoir peur n’ont de valeur propre que par leur opposition ; si redouter n’existait pas, tout son contenu irait à ses concurrents. Cours de linguistique générale, pp.159-60.

[12] Cf .H. A. Gleason , Introduction à la linguistique, tradu. Dubois-Charlier, Larousse, Paris  1969, pp. 9-10 :

Comparaison entre l’expression des couleurs dans les langues française, chona et bassa

 

français

indigo

bleu

vert

jaune

orange

rouge

chona

cipswuka

citema

cicena           

cipswuka

bassa

hui

ziza

 

[13] il est vrai que le « politiquement correct » voudrait faire entrer dans la langue les concepts de mère célibataire, ou de famille mono-parentale… mais les usages ont la vie dure.

[14] Le terme de vielle fille a d’ailleurs une connotation bien plus péjorative que son équivalent masculin : vieux garçon

[15] Cf. Marguerite de Navarre, Heptaméron

Cf. ; également l’article « garce » dans le Dictionnaire universel de Furetière (1690) : Garce : Femme prostituée et de mauvaise vie. Garce de rempart. Garce à chien. Une garce infâme. Ce mot n’est devenu odieux que depuis quelque temps & en plusieurs Provinces on le dit encore pour signifier, une petite fille ou servante de chambre.