(note : le corrigé ci-dessous était à destination d’une classe de terminale STT, ce qui explique qu’il est moins développé)

 


Est-on d’autant plus libre que l’on est conscient ?

 

 

 

 

 

« on »

« d’autant plus … que »

« être libre »

« être conscient »

« Nous », les hommes en général, les peuples ou les personnes

Cette locution introduit une idée de progrès et de réciprocité : les progrès dans la conscience de soi sont-ils aussi des progrès dans la liberté ?

On évitera soigneusement de définir la liberté comme l’absence de contraintes : cette définition conviendrait à un Dieu, non à des hommes.

Elle se définit au sens le plus général comme la capacité à choisir. On peut y associer deux citations :

Rousseau : L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté Hegel : La liberté c’est l’intellection [la compréhension] de la nécessité

Au sens le plus général : état de présence au monde et connaissance que nous avons de cet état.

Faculté propre à l’intelligence humaine de reconnaître au travers d’expériences différentes le sujet de l’expérience comme étant le même.

La conscience est intentionnelle : « toute conscience est conscience de quelque chose (Husserl)»

Reformulation du sujet :

La conscience, c’est à dire notre capacité à prendre connaissance de nous même et de notre insertion dans le monde, en bref, notre capacité à comprendre et à juger ce que nous vivons, est-elle la condition des progrès de notre liberté, c’est à dire notre capacité à choisir ?

Introduction : (vous avez le choix entre ces deux présentationS,  …ou de créer la votre) :

L’esclave peut vivre heureux sous ses chaînes, et lui faire prendre conscience de son état ne peut que le rendre malheureux. En revanche, sa conscience malheureuse lui révèle qu’il peut lutter pour sa liberté. ? Ces deux concepts de liberté et de conscience sont-ils liés ? Est-on d’autant plus libre que l’on est conscient ?

ou :

On peut imaginer qu’une femme afghane née sous le régime des Talibans penserait que le sort de la femme est de vivre voilée, de ne pas avoir de droits civiques, et de limiter sa vie à faire des enfants. Ce qui leur manque pour être libre, c’est la conscience d’être à part entière des êtres humains et de l’être à égalité avec les hommes. Prendre conscience de cela la libérerait-il  de son état, est-on d’autant plus libre que l’on est conscient ?

La conscience, c’est à dire notre capacité à prendre connaissance de nous même et de notre insertion dans le monde, en bref, notre capacité à comprendre et à juger ce que nous vivons, est-elle la condition des progrès de notre liberté, c’est à dire notre capacité à choisir ? En quoi la conscience des nécessités qui pèsent sur nous a-t-elle permis à l’homme de se libérer ? La conscience que j’ai de moi-même me permet-elle d’être libre ? Si la liberté de l’homme est sa capacité à choisir, en quoi suppose-t-elle la conscience ?

 

 

 

Présentation

Initiale 1

 

Enoncé du sujet

 

 

Présentation

Initiale 2

 

 

Enoncé du sujet

 

 

Reformulation

 

 

Plan

Première partie :

Introduction :

En quoi la conscience des nécessités qui pèsent sur nous a-t-elle permis à l’homme de se libérer ? Deux types de contraintes pèsent sur nous, d’une part les nécessités naturelles, et d’autre part, les obligations sociales ou morales. Que veut dire Hegel lorsqu’il affirme que «La liberté c’est l’intellection [la compréhension] de la nécessité » ?

Argumentation :

On peut dire que la connaissance des lois de la nature nous permet de nous en affranchir, de nous en servir pour lutter contre elles. Nous prenons ici le terme de conscience dans le sens de la connaissance. La prise de conscience de ces nécessités naturelles est nécessaire, si nous voulons transformer la nature. Ainsi, tant qu’on a ignoré l’attraction terrestre et la loi de la pesanteur, on a dû se contenter, tel Icare,  de rêver qu’on volait.  La connaissance des lois de la gravitation nous permettra de construire des « machines qui volent ».

On peut également dire que la connaissance des lois sociales, et surtout la conscience de leur véritable nature, nous permet soit de lutter contre elles, si elles sont scélérates ou tyranniques, soit de les transformer si nous pensons qu’elles ne sont pas justes, soit encore de les accepter comme le cadre dans lequel nous voulons vivre. La conscience est nécessaire pour rester libre face à la loi.

Enfin, obéir aux obligations morales n’est un acte de liberté que si nous avons choisi en conscience les valeurs qui les sous-tendent. Elles deviennent vraiment nous-même que si nous les avons instaurées comme notre bien.

Conclusion de la première partie et transition vers la seconde :

Prendre conscience des contraintes qui pèsent sur nous, nous permet de nous en libérer. Mais quelle caractéristique de la conscience lui permet de remplir ce rôle ? En quoi la conscience que nous avons de nous même nous rend-t-elle libre ?

 

SECONDE PARTIE :

Introduction :

« Toute conscience est conscience de quelque chose » Cette citation de Husserl définit l’intentionnalité de la conscience : toute conscience est relation à un « quelque chose » qu’elle pose comme un objet, c’est à dire comme une réalité différente d’elle-même. Mais lorsqu’elle se confond avec ses objets, elle s’aliène et le sujet perd sa liberté. Voyons-le à travers trois exemples :

Argumentation :

Dans le rêve, je suis bien en relation avec des images, des personnages ou des situations, mais je ne puis jamais les mettre à distance. Ils s’imposent à moi : j’en suis le prisonnier. Dans l’état de veille, je puis toujours au contraire critiquer mes perceptions, leur opposer d’autres points de vue qui les contredisent, ou détourner le regard : je reste libre par rapport à mes objets.

Dans le fanatisme, je suis en relation à une idée, ou à un homme, un gourou. Mais je ne suis pas libre vis à vis d’eux : je ne puis les penser pour ce qu’ils sont, une théorie philosophique, religieuse ou politique, un homme comme un autre. Je suis assujetti à leur pouvoir, faute de pouvoir les penser consciemment comme différents de moi.

Enfin, la nostalgie est aussi une forme de conscience altérée qui me prive de liberté Je ne puis penser le passé pour ce qu’il est, c’est à dire mort. Il continue à vivre en moi, et je puis lui opposer les perspectives de mon présent ou de mon future, ce que ferait une libre conscience. Je suis prisonnier de mon passé.

Conclusion de la seconde partie et transition vers la troisième :

De part son exigence fondatrice, celle d’être en relation avec des objets dont elle se distingue, la conscience est un mode de pensée libre : elle se définit précisément comme un effort pour échapper au syncrétisme animal, qui, lui, est toujours perdu et aliéné à ses objets. Encore faut-il prendre conscience de ce qui pèse inconsciemment sur nous. Car si la liberté consiste à choisir librement, comment pouvons-nous l’être si nous sommes « obscurs à nous-mêmes » (Alain) ?

 


TROISIEME PARTIE :

Introduction ;

La liberté n’est pas l’absence de contrainte, mais la capacité de choisir, en tenant compte consciemment de ces contraintes. Mais cela est-il toujours possible ? A quelle condition la conscience peut-elle autoriser ce choix ?

Argumentation :

Dans le film de John Huston, « Passions secrètes », consacré à Freud, une jeune fille, Cécily vit douloureusement son passage à l’âge adulte. Elle ne peut vivre ni aimer selon ses propres choix, puisque le souvenir d’un passé traumatisant altère son comportement. Ainsi, l’analyse va lui révéler que, frustrée de la tendresse maternelle, elle l’a recherchée auprès de son père.  Mais la société censure et combat cette attirance incestueuse ; l’enfant devra donc la refouler ; mais elle réapparaît à l’âge adulte, et Cécily cherche désespérément parmi les hommes qu’elle rencontre, l’impossible amour qu’elle portait à son père.  En prenant conscience du passé qui l’obsède, elle devient capable de se passer de ces pères de substitution pour choisir comme le dit le personnage de Freud dans le film, a love of your own choice.

L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté dira Rousseau dans le Contrat social.  ll nous montre que, d’une part, la loi est nécessaire, et que, d’autre part, elle n’est vécue par nous comme une contrainte que si elle nous est imposée. La conscience que nous pouvons avoir de la loi peut nous en libérer : cette loi m’est-elle imposée, ou bien est-elle voulue par moi ? Il se pourrait par exemple, que l’on me fasse prendre pour naturelle une loi qui ne serait que le caprice d’un despote. Aussi, la conscience de ce que j’attends de la vie, de ce en quoi je crois, de ce que je déteste, doit pouvoir me faire choisir, avec d’autres des lois justes dans lesquelles je puisse me reconnaître. C’est le principe même des institutions démocratiques : que tous, en conscience puissent reconnaître dans la loi les choix conscients qu’ils ont faits.

Conclusion de la troisième partie :

La liberté suppose la conscience des choix : ils doivent pouvoir être fait en toute clarté, en toute connaissance de cause. Si les oppresseurs maintiennent les peuples dans un état de tutelle,  c’est précisément en les abêtissant, en amoindrissant leurs capacités de conscience critique. La conscience me permet donc de me rendre maître de mon destin.

 

CONCLUSION GENERALE DU DEVOIR :

Hegel dira de l’histoire universelle qu’elle « est l’histoire des progrès de la conscience de la liberté ». C’est parce qu’il pensait que l’essence de l’esprit est la liberté, comme la pesanteur est l’essence de la matière. Les deux impératifs, être conscient et être libre sont donc mutuellement dépendants.

 

Michel Le Guen 12/2001