Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L’inexistence d’un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu’il n’existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s’entend pas moins que celle qui affirme qu’il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n’est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c’est une proposition fausse et l’on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n’a jamais existé, ou l’ange Gabriel, ou un être quelconque n’ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n’impliquent aucune contradiction.

On peut donc seulement prouver l’existence d’un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l’expérience. Si nous raisonnons a priori, n’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi. La chute d’un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d’un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C’est seulement l’expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l’effet et nous rend capables d’inférer l’existence d’un objet de celle d’un autre.


 

HUME, Enquête sur l’entendement humain

Inventaire des thèses :

 

Texte de Hume

Commentaire

Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L’inexistence d’un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu’il n’existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s’entend pas moins que celle qui affirme qu’il existe.

Définition de la contingence : ce qui est, mais qui pourrait aussi bien ne pas être.

Affirmer qu’une chose est, ou au contraire qu’elle n’est pas est une proposition que l’on peut concevoir clairement et distinctement. Rien ne peut décider a priori de l’existence ou de l’inexistence de cette chose est une proposition valide.

Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n’est pas vraie y est confuse et inintelligible

Définition de la nécessité rationnelle : on pose ici le problème des sciences formelles : elles ne peuvent accepter une proposition et son contraire.

. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c’est une proposition fausse et l’on ne peut jamais la concevoir distinctement.

Exemple

il ne dépend pas de l’appréciation du sujet que 2 + 2 fasse autre chose que 4. La racine cubique de 64 est 4, et ne peut en aucun cas être 5, car ceci serait en contradiction avec les principes a priori de l’arithmétique.

Mais César n’a jamais existé, ou l’ange Gabriel, ou un être quelconque n’ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n’impliquent aucune contradiction.

Deux exemples pédagogiques, dans la mesure où l’un se réfère à un personnage historique réel, et l’autre à un être imaginaire : mais dans un cas comme dans l’autre, les propositions affirmant a priori leur existence ou leur inexistence sont toutes deux recevables

On peut donc seulement prouver l’existence d’un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l’expérience.

Thèse principale : concernant les connaissances se rapportant à des faits, seule l’expérience, c’est à dire le retour au réel peut nous instruire sur la validité d’une proposition

Si nous raisonnons a priori, n’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi. La chute d’un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d’un homme gouverner les planètes dans leurs orbites.

Deux exemples absurdes qui démontrent que sans recours a l’expérience on peut inférer que n’importe quelle cause (le désir d’un homme) peut inférer n’importe quel effet (déplacer un astre de sa place)

C’est seulement l’expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l’effet et nous rend capables d’inférer l’existence d’un objet de celle d’un autre.

Thèse principale : Seule l’expérience nous permet de vérifier les relations causales que nous repérons entre un fait et un autre.

 

Analyse :

 

§ 1

Rien ne peut décider a priori

de la vérité d’une proposition factuelle

les faits sont contingents

Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L’inexistence d’un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu’il n’existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s’entend pas moins que celle qui affirme qu’il existe.

Seules les démonstrations mathématiques

sont nécessaires rationnellement

 

Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n’est pas vraie y est confuse et inintelligible

Exemples de propositions contingentes

Dont on ne peut dire a priori qu’elle sont recevable ou non

Mais César n’a jamais existé, ou l’ange Gabriel, ou un être quelconque n’ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n’impliquent aucune contradiction.

Exemple de proposition nécessaire

Dont la validité repose sur le raisonnement

 

La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c’est une proposition fausse et l’on ne peut jamais la concevoir distinctement.

§ 2

Démonstration sur deux exemples absurdes

A priori on peut tout affirmer, et son contraire

Si nous raisonnons a priori, n’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi. La chute d’un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d’un homme gouverner les planètes dans leurs orbites.

Conclusion et thèse de Hume

Dans le domaine des connaissances factuelles,

seule l’expérience peut trancher de la validité ou de la fausseté d’une proposition

On peut donc seulement prouver l’existence d’un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l’expérience.

C’est seulement l’expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l’effet et nous rend capables d’inférer l’existence d’un objet de celle d’un autre.

 

M. Le Guen 07/2002